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le 18 janv. 2019
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Pour son quatrième long métrage de fiction, et son premier outre-Atlantique, Mélanie Laurent change complètement de registre en s’essayant à l’essence même du cinéma américain : le road movie crépusculaire. En adaptant un roman noir de Nic Pizzolatto, la réalisatrice met en scène le parcours classique du repenti interprété par un Ben Foster convaincant. Le héros va croiser la route d’une jeune prostituée interprétée par une Elle Fanning également très convaincante dans son personnage de paumée, un peu moins lorsqu’il faut éclater en sanglots.
Ce premier essai américain de Mélanie Laurent laisse un sentiment mitigé. Les intentions de réalisation, de cadres et de lumières sont visibles, mais on a la sensation que l’adaptation scénaristique n’a pas su se détacher du roman. Galveston est un film de commande avec un cahier des charges à respecter et ça se sent. Condenser 336 pages en 1h31 étant impossible, il est nécessaire de se réapproprier totalement l’histoire pour en sortir quelque chose de nouveau mais cohérent. Malgré une grosse réécriture, notamment du personnage d’Elle Fanning, la réalisatrice n’a pas pu avoir les mains totalement libres sur le déroulé du scénario. Le résultat final paraît trop court, mais également vide et consensuel. Les protagonistes et leurs histoires n’ont pas réellement le temps de s’installer. A l’écran, le récit est linéaire et manque de profondeur, ce qui nuit à la complexité des personnages. Ils suivent un schéma narratif très classique où le bad guy américain, venant d’échapper à une mort certaine qui va revenir, va tenter d’expier ses péchés en sauvant la vie d’une prostituée afin de se sécuriser une place au paradis. Cette quête se passera en grande partie dans un motel, le purgatoire des âmes errantes du cinéma américain. L’histoire n’apporte pas véritablement de surprises, elle est même parfois énervante lorsque certaines ficelles scénaristiques sont grossièrement tirées, comme lorsqu’un personnage secondaire inutile vient faire une apparition pour sauver la vie du héros et repartir aussitôt. Tous les clichés sont là. Ils fonctionnent plutôt bien mais ils sont quand même là. Galveston ne surprend pas. C’est beaucoup de promesses pour une résultat inabouti. Galveston, c’est cette destination idyllique pour tout nouveau départ, c’est également la violente réalité de la vie. C’est un film sur les regrets et la tentative de rédemption dans un monde cruel où, parfois, la simple volonté ne suffit pas.
Si son film ne surprend pas, Mélanie Laurent s’affirme tout de même comme étant une réalisatrice, à l’image de l’actrice, à la fois éclectique et ambitieuse. Aux antipodes de ses premières réalisations, elle est encore une fois là où on ne l’attend pas. Et si elle n’a pas eu les mains totalement libres sur le scénario, elle a pu donner une véritable esthétique à son cadre. Avec l’aide d’Arnaud Potier, son directeur de la photographie habituel, elle a pu aller jusqu’au bout de ses intentions de lumière et de mise en scène. Comme lors de ses premiers films, elle aime ses personnages et reste toujours au plus proche d’eux. Le jeu d’acteur aidant, Mélanie Laurent réussit à créer énormément d’empathie envers ses protagonistes au passé sombre et au futur compromis.
Avec Galveston, la réalisatrice française fait son entrée dans les petits papiers des studios hollywoodiens et se positionne pour une place sur un blockbuster à gros budget. Son nom a un temps été évoqué par les Studios Marvel pour diriger Scarlett Johansson dans Black Widow, ce n’est que partie remise. Malgré le manque de relief du film, Mélanie Laurent a prouvé qu’elle pouvait mener la barque d’une production de commande hollywoodienne, tout en y insufflant sa patte. Galveston est un premier essai prometteur, à défaut d’être réussi.
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Créée
le 17 nov. 2018
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