Ca débute par l'histoire classique d'un ancien chef de gang (Kôji Tsuruta) qui sort de prison, mais une fois n'est pas coutume, personne ne sera là pour l'accueillir devant la porte du pénitencier ni pour lui offrir une nuit d'enfer pour fêter sa libération. Au lieu de cela il apprend que sa maîtresse est partie avec la caution de l'appartement et que son gang a été dissous, chassé de la ville par un plus gros poisson. Il part se mettre au vert dans une petite ville thermale du Tôhoku, mais là encore il est rattrapé par le milieu local et pris dans une guerre entre un petit gang provincial et une grosse organisation en pleine expansion, celle-là même qui a déjà bouffé son ancien territoire à Tôkyô. Solidaire des premiers il va les aider à faire face et en même temps préparer une revanche beaucoup plus personnelle.
Jun'ya Satô a de la ressource et bâtit un récit sur plusieurs niveaux, où les yakuzas se manipulent et se bouffent entre eux, mais où intervient également la police qui tire les ficelles et joue là aussi sur deux niveaux : l'inspecteur local interprété par Tomisaburô Wakayama entretient une relation complexe avec le gang provincial, tandis qu'au niveau national, le chef de la section criminelle (Tetsurô Tanba) regarde ce petit monde s'entre-détruire avant d'intervenir opportunément pour achever le travail.
Côté scénario c'est donc plutôt bien fichu, même si parfois les réactions des uns et des autres semblent un peu forcées pour coller avec le sens de l'intrigue. On peut également souligner le bon boulot sur les décors : la charmante ville d'Iizakaonsen ou encore les hauteurs de Yokohama et son cimetière des étrangers. Un bon yakuza-eiga, en voie de se débarrasser des codes rigides du ninkyo et de proposer un contenu plus violent et nihiliste. D'ailleurs, avec ce dixième volet, Satô clôture la série des Bakuto (initiée en 1964 par Shigehiro Ozawa) et ouvre la voie au cinéma plus sombre des années 1971-1977.