Comprendre l'ascension et le personnage de Sarah Palin est très intéressant. Elle m'intrigue beaucoup, cette femme. Je ne la voyais que comme une nana réactionnaire, cheftaine du "Tea Party", planquée en Alaska à chasser des élans et à exhiber sa jolie petite famille et ses armes à feu.
Eh bien non. Y'a d'autres histoires, autour d'elle. Je me devais de mieux la connaître, ne serait-ce que pour nourrir ma curiosité. Et puis, apprendre le pourquoi du comment d'une élection américaine, c'est intéressant.
Sarah Palin (selon ce film) s'avère être une femme ... Non, davantage une catastrophe. Catapulter dans le grand bain national une gouverneure qui prône le populisme tout en se rangeant du côté de Mc Cain et qui finit par péter littéralement les plombs, voilà tout le problème de la campagne de Mc Cain. Sarah Palin apparaît comme un électron libre, fier de ses idées, qui hésite sans cesse entre nager et se noyer. Tous la voyaient comme un atout (capable d'apporter un maximum de voix féminines), du côté de Mc Cain, mais elle s'est avérée être un poids. Ne serait-ce que ses lacunes en politique étrangère, en tout ce qui est étranger, d'ailleurs, au point qu'on lui donne des répliques à apprendre par cœur, la qualifiant d'actrice.
Voilà.
Bon, après, j'aime pas Sarah Palin, et même si Julianne Moore m'a foutrement émue, je n'étais pas particulièrement objective. Oh, j'ai essayé. Mais bon. Quand on voit Mc Cain peiner à nettoyer les bêtises de Sarah Palin et ses remarques déplacées (et surtout racistes, mettre "Obama" et "terroriste" dans la même phrase, c'est pas très fin).
Elle se bat, elle est fière, elle y croit. Voilà ce qu'on retient d'elle, après ce film. Sarah Palin est une battante. C'est bien son nom qu'on scande dans les foules, c'est elle qu'on suit des yeux. Elle apparaît comme une femme qui sait charmer le public, excellente en communication, qui se veut proche des gens de toute l'Amérique.
Le véritable problème qui se pose, finalement, à la fin de ce film, c'est que Sarah Palin est une femme qui se veut au premier rang, qui a l'étoffe d'une vedette (tout comme Obama, charismatique). Elle n'est pas satisfaite d'être vice-présidente, elle cherche à en faire plus, à se démarquer, revendiquant son indépendance. C'est sûrement là que ça a merdé.
Bref, "Game Change", c'est l'histoire d'une défaite d'un parti, mais celui de l'élévation d'une femme politique. Ce sont aussi les coulisses d'une élection. Mine de rien, on apprend plein de choses.
(Un grand bravo pour le choix des acteurs, au passage : Ed Harris est génial, Julianne Moore stupéfiante, Woody Harrelson toujours aussi bon acteur. C'était ... Oah. Un très bon film.)