"Un évènement mondial"...
Rien que ça !
Mais oui ! Pour une fois, l'affiche n'est pas trompeuse.
Et aussi, la célèbre phrase d'Einstein, servie en promo : "Les générations à venir auront du mal à croire qu'un homme comme lui ait jamais existé en chair et en os !". C'est tout à fait vrai. On a beau connaître correctement son histoire contemporaine et avoir lu l'excellent livre de Lapierre et Collins, "Cette nuit, la liberté", on reste médusé devant le récit en images de la vie de cet être d'exception qu'a été Gandhi.
Film monument ! Pas pour ses 3 h 11, d'ailleurs on ne s'en rend pas compte. Mais parce qu'il constitue une fresque historique unique en son genre. Qui illustre l'existence exemplaire de celui que l'on appelait Mahatma (la Grande âme), ou plus simplement Bapu (papa).
Tout s'enclenche en 1893. Durant cette nuit décisive où le jeune avocat Mohandas Gandhi, en mission en Afrique du Sud, est jeté d'un train pour avoir osé, lui un Indien, voyager en 1re classe. Et cela se clôt en 1948 : deux coups de feu tirés à bout portant sur un vieillard devenu un dieu vivant. Assassiné par un musulman fanatique - déjà ! - Gandhi se relevait d'un jeûne - son "arme" favorite - pour convaincre les communautés indoue et musulmane à cohabiter pacifiquement dans l'Inde accédant à son indépendance. Entre les deux, une vie entièrement consacrée à libérer le peuple indien de ce joug honteux et insupportable qu'est le colonialisme (là, celui des Anglais).
Ce qui fait de Gandhi un personnage historique inoubliable, "un homme pour l'éternité", c'est l'aspect ahurissant et inédit qu'il a donné à son combat. Répondre à la violence coloniale - d'autant plus brutale que vacillante - par la non agressivité. Toute sa vie, aux emprisonnements, brutalités, brimades, Gandhi opposera juste sa détermination pacifique et sereine. Prônant le respect de la personne humaine, la générosité des sentiments et des actes, l'entente entre les races et les peuples. D'où le titre qu'on lui a vite donné : apôtre de la Paix ! Référence biblique justifiée par sa façon de galvaniser les foules par l'affirmation martelée de sa conviction humaniste inébranlable.
Un tel sujet ne pouvait donner qu'un film poignant et passionnant. Si "Gandhi" s'avère être un pur chef d'oeuvre - 8 Oscars ! - c'est surtout parce que la mise en scène et l'interprète principal sont irréprochables d'un bout à l'autre. Tout en renouant avec le filon hollywoodien des superproductions, Richard Attenborough a su éviter le piège du lyrisme outrancier. A côté de scènes spectaculaires mobilisant une multitude de figurants, il y en a d'autres qui restituent sobrement la solennité presque figée de l'Inde. Le tout à travers des séquences exaltantes.
Quant à Ben Kingsley, dont la ressemblance avec Gandhi est époustouflante, il fait une création qui s'inscrit d'emblée dans l'anthologie cinématographique. Il ne joue pas Gandhi, il est le Mahatma !
Ce faisant, il permet au Grand homme d'immortaliser un peu plus son message d'espoir de portée universelle.
Et intemporelle car, hélas, toujours d'actualité !