Ah ces japonais !!!

En dépit de mon appréciation pour les films d'animation japonais, je ne peux que déplorer le manque total d'ambition scénaristique de ces productions. C'est presque une constante. Malgré une animation fabuleuse, des détails toujours plus réalistes que ce soit au niveau des texture de la peau, du détail des armures, cheveux et vêtements ou même au niveau des mouvements des personnages, le scénario semble toujours abonné aux absents. Pourtant que ce soit pour Albator, Resident Evil, Final Fantasy, Appleseed Alpha et bien d'autres, les 20 premières minutes semblent laisser présager une intrigue mature et digne d'intérêt. Malheureusement, à chaque fois le film ne peut s'empêcher de s'empêtrer dans des tares spectaculaires : dialogues niais, rapprochement forcé, surplus d'action avec des créatures basculant toujours plus loin dans la démesure, personnages lisses, évolution psychologique quasiment inexistante, sans parler de thématiques vaseuses telles que le pouvoir de l'amitié ou la face sombre de l'être humain toujours traitées avec une rare mièvrerie. Cette accumulation de tares visiblement inévitable a finalement pour conséquence d'enfermer le genre dans la catégorie de film populaire à peine distrayant, au même niveau qu'une production syfy, alors qu'ironiquement la technique développée pour produire ce registre de film devrait valoir à elle seule, le détour. Et encore, le genre ne plait pas à tout le monde. Certains n'apprécient déjà pas l'aspect trop "cinématique" de ces films d'animations mais si en plus, il n'y a ni intrigue solide, ni effort de mise en scène derrière comment voulez vous qu'on prenne le genre au sérieux ? D'autant que si par miracle, quelques films à peine divertissant tel que Starship Troopers invasion parvienne à sortir quelque peu du lot (et encore !), plusieurs nanars de compétition tels que Tekken Blood Vengeance ou l'adaptation des chevaliers du zodiaques. viennent définitivement enterrer l'ensemble.

Dans le cas présent, Gantzo se veut être tiré du manga Gantz (Gantsu en version original). Appartenant au genre Sheinen, Gantz se veut donc être un manga destiné à un public adulte. Notons en outre, que le manga est connut pour son cynisme et son ambiance glauque, mystérieuse et violente. Ce que cette adaptation n'est finalement pas. Alors, certains défendront peut être le film, prétextant qu'il n'est pas destiné à des profanes mais plutôt aux fans du manga qui contrairement aux spectateurs lambdas seront en mesure de boucher les lacunes du background et de l'intrigue. Je répondrais, à mon humble avis, que ce n'est pas rendre justice à l'oeuvre originale de produire une adaptation qui non seulement est totalement dénuée du sel, de la saveur qui a fait de l'oeuvre ce qu'elle est, mais qui est plus est totalement incompréhensible pour les non lecteurs du manga.
Le fan service n'est pas une mauvaise chose en elle même, mais il devient un problème lorsqu'il prend le pas sur l'intérêt scénaristique et la démarche artistique du film.

Gantzo est donc l'histoire d'un mec lamba qui après s'être fait planté ressuscite et se voit contraint de prendre part à une lutte contre des créatures aliens/démoniaques aux cotés d'autres mecs en combi noires moulantes, morts eux aussi. Tout ça parce qu'une grosse boule noire nommée Gantz le veut. Grosse boule noire qui soit dit en passant compte leurs points et leurs propose, dès qu'ils ont atteint 100 points, 3 choix : Demander de meilleurs armes, ressusciter un compagnon mort ou se tirer de ce bordel.

Bon le pitch pourrait encore passer, après tout certains mangas et films ont des synopsis bien plus kitch encore, si l'ensemble était un minimum développé. Parce que finalement que sont ces créatures ? On n'en sait rien. Que veulent elles, d'ou viennent elles, depuis combien de temps sont elles là ? On s'en balek. C'est quoi cette boule noire étrange ? On s'en fout, les personnages ne cherchent même pas à le savoir. D'où vient toute cette technologie ? Quel est le contexte ? Depuis combien de temps ça dure ? Comment le monde extérieur réagit à ça ? ON S'EN FOUT !

Alors oui, le film n'est sensé qu'adapter un simple arc du manga, parce que bien sur le tout est bien plus étoffé dans le manga mais pour un simple film, ça ne passe pas. On ne peut pas planter le spectateur dans le flou avec si peu de background et d'explication. En résulte le fait que le film n'a strictement ni queue, ni tête. Les dialogues niais à crever souligne le manque total d'épaisseur de chaque personnage. Personnages qui sont d'ailleurs tout sauf mémorables. Certains comme le sosie de Tifa Lockhart ( d'ailleurs vous noterez que les japonais sont vraiment très, très pointilleux dans les détails, prenant même la peine de faire remuer ses nibards chaque fois qu'elle court) ou le poseur semblaient pourtant prédestiner à jouer un rôle majeur mais ne servent finalement strictement à rien. Le petit vieux, sans commentaire, quand à la dingo qui semble développer un coup de foudre pour le protagoniste au bout de 5 minutes même pas la peine de s'y attarder. Les autres personnages disparaissent sans saveur ni odeur.

Le film se perd totalement dans une succession de scène de combats hyper lumineuses à la Tron contre des créatures toujours plus grandes et hideuses. Mais l'absence totale de contexte et de mise en scène font bien vite décrocher, d'autant que l'action en vrac ne masque pas la quasi absence de construction scénaristique. Notons pour conclure que le film, n'est pas non plus avare de détails complètement WTF. Parce que le coup du monstre qui se subdivise en amas de femme nues, pour former une immense créature fallait oser. Ces japonais tout de même ! Si ils n'existaient pas, faudrait les inventer !