Les amitiés, amours ou emmerdes : "La cuisine au beurre" en doux-amer

Pour lancer un article parlant de Cinéma, quoi de mieux qu'une image !
En voici une qui devrait plaire à ceux qui aiment certes consommer de la pellicule, mais avec ce qu'il faut de modération. Tout comme l'art culinaire, on peut estimer que l'art cinématographique a lui aussi ses grands chefs.
Qualité 3 étoiles pour la réalisation et saveurs nuancées pour les récits : les films de Claude Sautet démontrent qu'il est incontestablement l'un d'eux. Les oeuvres fast food, fades ou épicées de façon artificielle, ne sont vraiment pas la tasse de thé du metteur en scène des "choses de la vie", lui qui les dépeint si bien, si entêtantes au niveau du coeur.
Nouvelle preuve avec "Garçon !", film qu'il a dû prendre un fin plaisir à mitonner. Ne serait-ce que parce qu'il l'a d'abord fait pour offrir un rôle aux petits oignons à l'acteur dont il goûte l'aisance à la fois corsée et moelleuse. A Yves Montand, bien sûr, qu'il propulse en chef de rang d'une grande brasserie parisienne cotée. Dans la lignée de César (et Rosalie) et de Vincent (François, Paul et les autres), voici donc Alex, ce "garçon" modèle, virevoltant funambule qui équilibre tout, les commandes, plats, rattrapages de service en prime. Bref, qui sert de façon hors pair. Surtout l'appétit filmique de Sautet, ciblant on le sait les comédies douces-amères. Les meilleures !
De ce point de vue, "Garçon !" relève de "la cuisine au beurre". Riche qu'il est en situations sous le signe de la tendresse amoureuse et de l'amitié, frêles esquifs ballotés sur l'océan de la vie, fragiles, instables telle une Chantilly montée à la main. Sautet les fait délicatement rissoler avec sa caméra à micro-ondes d'humanité crépitante. Les personnages, Alex et ceux qui gravitent autour, ont des bleus à l'âme, des fêlures aux sentiments, des accrocs à l'idéal... Chacun(e) est une histoire simple et très compliquée en même temps.
Et comme Sautet sait choisir, puis diriger ses comédiens. Yves Montand époustoufle par l'aisance vol au vent et l'humour mousseline de son jeu, un peu trop surdosé quand même. Nicole Garcia émeut par la manière très robusta avec laquelle elle assume sa fragilité de thé...orisation. Et Jacques Villeret, l'éternel grassouillet jovial, est parfait dans un rôle gélatineux qui n'était pas une mince affaire face au gros gibier Montand.
Bref, et je pèse mes mots au gramme de satisfaction près : "Garçon !" ne reste pas sur l'estomac !

Ticket_007
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le 25 avr. 2016

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Ticket_007

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