Je dirai en préambule que j'ai hésité pour le titre. Les Malheurs de Chiffon s'applique bien au film de Maury inscrit dans le contexte actuel (du Covid et de ses conséquences économico-sociétales), tandis que Chagrins de Chiffon aurait mieux décrit l'histoire que raconte son film. Je privilégie le premier, sans abandonner tout à fait le second.
Passons à la critique proprement-dite. Pendant les premières minutes du film, le visage, la voix, la gestuelle de Nicolas Maury m'ont un peu gêné. J'avais déjà croisé l'acteur dans d'autres métrages, mais jamais dans un tout premier rôle, avec une présence presque constante à l'écran. Et puis au fil des minutes, je me suis habitué à sa personne et je me suis peu à peu mis à apprécier son film.
Dans les trois premiers quarts d'heure, sa propension à se filmer nu ou en petite tenue m'a quand même un peu agacé, d'autant qu'il n'est pas particulièrement agréable à regarder en tenue d'Adam (même si on comprend que se montrer tel qu'il est, dans son enveloppe physique, procède d'une volonté de sincérité, plus que d'une sorte d'exhibitionnisme).
Quoi qu'il en soit, m'étant peu à peu habitué au ton, à la petite musique mélancolique, mais aussi à la drôlerie du film, je me suis mis à apprécier la succession de saynètes plutôt bien troussées qui, de Paris, nous mènent du côté de Limoges, chez la mère du héros de l'histoire (joué par Nicolas Maury, donc).
L'esprit, le climat de Garçon chiffon m'ont un peu rappelé le film de Gallienne Les Garçons et Guillaume, à table !. Il y a moins de virtuosité, plus de mélancolie, mais c'est quand même assez drôle et plutôt touchant. Il y a des moments où j'ai même franchement ri (par ex., lorsque les soeurs en robes de bure blanche interviennent) ; d'autres, où la franchise et l'honnêteté de Maury m'ont presque épaté.
Le film est sincère. Joli. Les chansons sont plutôt bien choisies. La photographie en intérieur ou extérieur souvent belle, et la direction artistique, les décors très soignés.
L'excellente Nathalie Baye et le candide Théo Christine (à la plastique impeccable) font de bons personnages secondaires. Et revoir Arnaud Valois trois ans après 120 battements par minute fait plaisir (je me demandais ce qu'il était devenu).
Le casting compte aussi deux chatons et un jeune chiot hyper mignons tous les trois.
Je ne vais pas davantage détailler les mérites du film. Je les résumerai en une phrase : Je n'ai pas tout aimé, mais dans l'ensemble, j'ai bien aimé.
Sinon, je m'interroge sur le futur de Nicolas Maury, acteur, scénariste & réalisateur du film. Qu'adviendra-t-il de lui, après Garçon chiffon ? Son premier film sort, en tout cas, à un bien mauvais moment (avec ce reconfinement, confirmé par l'Exécutif et prévu pour durer un mois a minima). C'est malheureux, car ce plutôt joli film aurait probablement bien marché en salles. Reste à espérer qu'en début d'année prochaine, les Césars lui donnent une nouvelle chance. Il me semble qu'il la mérite.