Hé ouais ! Désormais je pourrai fièrement prétendre avoir un jour maté un film en prime-time sur LCP (La Chaîne Parlementaire). Parce que déjà, il faut y penser... Mais surtout, il faut le trouver ! J'aime bien aussi le concept du plateau avec debrief de spécialistes. Sauf que là, les gars et la présentatrice n'ont fait que du HS...
Garde à Vue, que je découvrais, possède donc une excellente réputation et quelques prix à son actif. Soit le petit bijou de Claude Miller dont je ne connaissais que de nom le film au sujet duquel Patrick Bruel nous a bien saoulés, comme les deux plus connus dans lesquels joue Charlotte Gainsbourg. Sauf que dans celui qui nous intéresse, les joueurs de poker savent vraiment jouer la "comédie" : Lino Ventura impressionne de sobriété en chef-inspecteur humain mais retors ; Michel Serrault n'a comme souvent pas son pareil pour incarner les types ambigus (ici un notaire pathétique suspecté de deux viols et deux meurtres sur petites filles) ; Guy Marchand, plus sanguin, joue un peu le beauf de service, mais avec quel intensité ! Enfin, Romy Schneider arrivera sur le tard pour amener classe et froideur féminines à l'ensemble, racontant à l'inspecteur une scène émouvante avec la nièce du notaire. Un casting parfait donc, en dehors de l'élu que l'on croisera 2-3 fois...
Sous une pluie battante, la nuit de la Saint-Sylvestre (ce qui n'est probablement pas un hasard, comme si une page allait se tourner), le notaire Martinaud, d'abord suspect, se retrouve donc rapidement mis en garde à vue, à cause en grande partie de son comportement arrogant mais surtout provocateur. Et il faut dire que certains dialogues de Michel Audiard l'aident beaucoup : "La réussite des notaires énerve les gens, parce que c'est une réussite de gens médiocres comme eux". Mais surtout, ce dernier ne cessera de se contredire, de détourner la conversation ou de parler d'autres choses, comme par exemple de la frigidité de sa superbe femme ne couchant plus avec lui depuis leur nuit de noces... Chose qui bien évidemment aura son importance par la suite, tout en nous apitoyant sur son sort.
Et tandis que se durcit la tournure de l'interrogatoire de ce quasi huis-clos, surtout entrecoupé de flash-back de l'affaire et de la vie de cet homme, v'là t'y pas que l'inspecteur tapant à la machine nous balance une vanne mémorable ! Fou-rire quasi général et pourtant très gênant... Mais quel skud dans cette ambiance où l'on parle de viols pédophiles ! Un second inspecteur décidément impulsif, du genre à agir avant de réfléchir, comme nous le montrera la suite immédiate... Et au notaire d'en rajouter une couche : "Vous n'avez plus qu'à espérer que je sois coupable !". Non, vraiment, la puissance des dialogues et bien sûr l'intrigue, passionnante et morbide, font qu'on reste scotché du début à la fin de Garde à Vue. Fin qui par ailleurs ne m'aura pas totalement convaincu, malgré sa force évidente et les questions restant en suspens...
Un très bon film de moins d'1h30 typiquement français donc, où les rapports humains, parfois dérangeants, n'ont jamais autant été d'actualité. Car effectivement, le désir sexuel frustré de certains hommes à cause de certaines femmes qui au fond - et de manière plus générale que ce cas particulier - n'aiment pas les hommes ou voudraient qu'ils soient comme elles, peut à terme avoir des conséquences catastrophiques. Qu'il s'agisse de la sphère privée comme de la sphère publique. Parce qu'on n'est peut-être plus des bêtes, mais on en gardera toujours certaines caractéristiques...
Quant à la valeur à donner aux aveux d'un être culpabilisant et que tout accable, c'est encore une autre question que j'ai la flemme de développer ici. J'avouerai juste que c'est un très bon film, un peu mystérieux, servi par de très grands acteurs eux-mêmes servis par de très bons dialogues.^^
8,5/10