Je suis tombé amoureux de ce film. Je perçois très nettement ses défauts et maladresses, le fait qu'il puisse apparaître comme prétentieux ou qu'il essaie un peu trop. Je conçois complètement que les acteurs puissent énerver. Que le choix de la bande-son soit trop calibré. Que l'esthétique des scènes et l'incongruité des situations soit trop apprêtée... mais que voulez-vous, quand on est amoureux, on a des étoiles dans les yeux.
Je crois que si le film m'a autant plu c'est qu'il m'a profondément parlé. C'est bien simple, c'est la première fois que je vois un film en me disant que si j'en avais réalisé un (avec tout le conditionnel que ça implique), ça n'aurait pas été très différent.
L'histoire est somme toute banale: un jeune homme, Andrew Largeman, revient dans sa ville natale à la mort de sa mère. Il renoue avec des amis d'enfance et son père. Et il rencontre une fille.
Les personnages sonnent plus ou moins vrais. Si Zach Braff campe une version un peu plus sombre de J.D. de Scrubs, il ne s'écarte pas beaucoup de la fantaisie du personnage qui l'a rendu célèbre. Vu à quel point le film est personnel, j'ai envie de dire que Zach Braff joue Zach Braff. Ce n'est peut être pas plus mal. Il s'en dégage une certaine sincérité, même dans les scènes un peu fausses.
Natalie Portman est à mon sens la véritable héroïne du film. Son personnage est lumineux et tendre, et en comparaison à ses autres rôles, beaucoup plus accessible. Elle m'a fait penser à une amie, avec toute sa profondeur et ses tocades. J'ai trouvé qu'elle sonnait juste et j'ai beaucoup aimé.
Les seconds rôles sont assez inégaux. Peter Saarsgard n'est pas très crédible dans son rôle d'ancien ami de Andrew. On a beau chercher, on ne comprend pas vraiment ce qui les lie l'un à l'autre. Bien sûr, le personnage est une force motrice pour le scénario, mais certaines scènes (je pense à la succession de scènes de troc qui sont l'occasion de visiter des lieux insolites) finalement amoindrissent la force du film.
Les images du film sont assez belles et marquantes. Il y a de jolies séquences, de belles couleurs. C'est plutôt bien fichu, on sent qu'il y a eu beaucoup de recherche. Parfois c'est un peu excessif, mais on pardonne volontiers car il y a de très beaux passages (je pense à la ballade en moto sous la pluie par exemple).
La bande originale est vraiment chouette. Zach Braff a visiblement récupéré une liste de lecture de son lecteur MP3 d'une marque dont le logo est un fruit et en a fait un CD. Ça tombe bien, il a plutôt bon goût. Il y a quelques titres que j'écoute assez régulièrement et qui sont désormais irrémédiablement liés au film.
Au final, c'est un film extraordinairement personnel et emprunt d'une grande sensibilité que Garden State. J'ai la sensation que Zach Braff a voulu raconter beaucoup d'histoires, ce qui explique sans doute que le film est un peu bancal et maladroit. Maintenant, par la justesse des dialogues, la relation attachante entre les deux héros et des situations tendres et drôles, le film tire son épingle du jeu. Ensuite, tout est question de sensibilité. Ce film m'a touché en plein cœur. Je suis complètement conscient que c'est une affaire de ressenti pur. Mais au vu du succès qu'a rencontré le film, Zach Braff a visiblement su capter l'esprit de beaucoup de personnes. Un film de notre génération?
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