Le vrai, le faux, l'important

J'ai beaucoup hésité à regarder ce film parce que je l'ai vu décrié par de nombreux détracteurs clamant que les faits relatés sont faux. Je n'avais pas envie de perdre mon temps à regarder un tissu de mensonges mais, m'intéressant de plus en plus à l'impact de l'extraction du gaz de schiste sur l'environnement et la santé, je me suis finalement lancée. Certaines personnes trouvent ce film répétitif et c'est vrai que l'on entend le même témoignage encore et encore mais, à vrai dire, si ce n'est pas une garantie de véracité, cela montre tout de même que des américains habitants à différents endroits des Etats-Unis subissent des problèmes similaires et tiennent un même discours. En réponse à "GasLand", un documentaire a été réalisé pour dire que Josh Fox a tout inventé et que les témoignages de son film sont faux. Ce "documentaire" se nomme "Fracknation" (de Ann McElhinney, Phelim McAleer et Magdalena Segieda). Il est disponible en VO sur Youtube si vous voulez vous faire une idée. Vous trouverez en lien de « Fracknation » d'autres vidéos réfutant ses arguments et notamment son argument principal qui est qu'il n'y a aucune preuve tangible que l'eau est polluée par l’extraction du gaz de schiste et que les personnes clamant que leur eau est polluée sont des menteurs (oui Phelim McAleer, le "journaliste" et protagoniste de "Fracknation", les appelle directement des "menteurs") qui ne sont intéressé que par l'argent qu'ils pourraient récolter de leurs accusations, tels des "voleurs de banque" (ça aussi, il le dit mot pour mot lors des conférences qu'il tient pour présenter son film).
Bref, je n'ai pas fait les études et les déplacements nécessaires sur le terrain pour démêler le vrai du faux MAIS restent ces certitudes. La France a refusé l'extraction du gaz de schiste. Pourquoi ? J'ai lu certaines personnes dire que c'était juste pour ne pas inquiéter la population........ Oui, alors, si le gouvernement avait de la considération pour la population jusqu'à refuser d'être autonome en énergies et de faire d'énormes bénéfices sur des allégations fausses des citoyens, ça se saurait. Je pense que, si le gouvernement fonctionnait ainsi, il y aurait des mesures comme les dernières en date sur le travail qui ne seraient pas passées. Peut-être y at-il au contraire une réelle inquiétude de la part des autorités qui ont pris cette décision : comme le potentiel souci de santé public ou le risque de voir nos nappes phréatiques détruites et de devoir s'approvisionner ailleurs en eau (ça aussi, ça couterait cher). Aussi et c'est un fait, aux Etats-Unis, des compagnies d'extraction de gaz de schiste ont accepté de dédommager des habitants des régions touchées par la pollution de l'eau potable en leur installant des systèmes de filtrations complexes et imposants. L'auraient-ils fait par pure bonté d'âme pour les divagations de ces pauvres gens ? Si une compagnie est prête à payer des gens pour qu'ils se taisent, c'est que ce qu'ils ont à dire la met en danger. Si les allégations de ces gens étaient fausses, je doute qu'elle les aurait payés pour les récompenser de leurs mensonges...
Enfin, deux faits on ne peut plus basiques. La fracturation hydraulique, c'est énormément de produits chimiques injectés dans le sol pour le fracturer et faire remonter le gaz de schiste. C'est donc une combinaison de produits chimiques très dangereux pour l'homme (jetez un œil à la liste, ce n'est pas réjouissant) et l'environnement que l'on libère sous terre pour faire remonter le gaz. Sous terre, il y a nos réserves en eau et puis tous ces produits, qu'ils créent une énorme réserve de toxicité sous terre ou dans l'eau ou dans l'air en remontant par le même chemin que le gaz, ce n'est pas souhaitable quoi qu'il en soit. Donc si ce documentaire n'est exact sur toute la ligne, je m'en fiche (j’aurai préféré qu’il le soit, mais je me concentre sur autre chose) : il m'a fait prendre conscience d'enjeux que je n'envisageais pas dans leur globalité auparavant. Il a eu aussi l'avantage d'amener sur le devant de la scène des questions qui n'étaient pas assez mis en avant aux yeux du grand public. Et c'est très bien qu'il y ait des détracteurs qui lancent des débats contre ce film : cela apporte encore plu de questionnements et de visibilité à la cause.
Bref, il faut que je termine cette longue critique en soulignant que c'est une chance que je ne m'en sois pas tenue aux détracteurs disaient que ce n'était qu'un film à scandale pour les pseudo-écolos qui ne vont pas chercher plus loin que les vérités qu'on leur martèle. Ah, discréditer les actions de défense de l'environnement en parlant de "bobos" ou de 'hippies" ou de "menteurs" ou de "moralisateurs" ou d’"ignorants" ou tout ce qui nous passe par la tête... Ce n'est pas nouveau, ça fait des années que ça dure et pourtant, il serait temps d'arrêter de crier au mensonge dès qu'un fait ne nous plaît pas. C'est vrai qu'il ne faut pas prendre les films pour argent comptant, mais il est tout aussi vrai qu'il faut regarder objectivement ce qu'un film apporte concrètement à notre société et à la cause qu'il défend. Personnellement, je trouve que "GasLand" apporte beaucoup.