Il y a vingt ans de cela mourrait Léo Ferré. Ce documentaire lui rend hommage, retraçant brièvement sa carrière, bien plus que sa vie. Il a été écrit par Robert Belleret, un de ses biographes. Il ne faut pas voir ce film pour apprendre des tas de choses sur Ferré, sauf si on ne connaît rien de sa vie. Il faut le voir pour découvrir quelques anecdotes, voir des images d’archives et entendre des morceaux, surtout, chantés par lui ou par d’autres. On n’échappe pas aux classiques, ces morceaux emblématiques de Ferré : Jolie môme, la Mémoire et la mer, l’Affiche rouge, les Anarchistes, Pépée, Avec le temps. Mais on écoute aussi des extraits de morceaux un peu moins connus.
C’est extra, d’écouter Lavilliers parler de Ferré, reprendre L’affiche rouge ou chantonner malicieusement La Mafia, d’entendre et de voir Catherine Sauvage, Juliette Greco et Jacques Higelin interpréter Jolie môme, mieux encore frissonner face à Hubert Félix Thiéfaine interprétant à la guitare la Mémoire et la mer… C’est extra… Ou encore Dalida, interprétant gravement Avec le temps ; mieux encore des extraits de cette même chanson en arabe marocain par Sapho ! C’est vraiment extra…
Ce qu’on pourrait regretter, c’est que le film est plus que lisse sur la vie tumultueuse de Ferré, sur son caractère particulier, pas une trace de conflit ou de tension. Mais ce n’est pas du tout le propos du film, il ne s’agit pas d’une biographie intime, qui aurait pourtant été passionnante (mais impossible dans un format aussi court) : on évoque ici son rapport à la musique, son côté libertaire, sans toutefois trop insister. L’essentiel est dans l’émotion provoquée par les intervenants et la musique, toujours elle, la poésie qui n’existe qu’en sortant dans la rue, les morceaux qui prennent la plus grande place dans ce documentaire, avec des images d’archives parfois étonnantes (avec Le temps du plastique !)
Bref, un documentaire qui donne beaucoup de place à la chanson plus qu’à l’information, un film que l’on regarde en rêvant, qui nous redonne encore l’envie, si c’était nécessaire, de réécouter l’immense œuvre de Ferré, dont on ne se lasse décidemment pas. Oui Léo, rassure-toi, tu parles encore pour dans dix siècles…