Boys needs mom.
Le gus a beau avoir commis l'irréparable en participant à cette gigantesque fumisterie que fut le diptyque "Batman forever" / "Batman et Robin", et avoir attenté à la pudeur de nombreux cinéphiles...
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le 1 oct. 2013
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- T'a rien remarqué de bizarre à Santa Carla ?
- Non. C'est super-sympa, pour les Martiens.
- Ou les vampires.
- Hey dites, vous sniffez l'encre d'imprimerie ou quoi ?
- Tu crois déjà savoir tout ce qui se passe par ici, hein petit malin ? Je vais te dire, tu ne sais rien mecton. Que dalle ! Tu crois peut-être qu'on tient cette boutique pour se payer des études ?
- Ah pardon je croyais que c'était une boulangerie.
- C'est juste une couverture.
- Je vois.
- Nous nous consacrons à une tache d'une autre dimension. Nous nous battons pour la vérité, la justice, et la victoire de l'Amérique.
- Encore...
- Hey mec, lis ça pour...
- "Détruire les vampires". Je vous l'ai dit, j'aime pas les trucs d'épouvante.
- Dis-toi que c'est un manuel de survie. Notre numéro est à la fin, et prie de pouvoir te passer de nous.
- Je prierai... de ne jamais devoir vous appeler.
Il fut un temps où les films mettant en avant des vampires ados ne se résumaient pas à des histoires d'amour fleur bleue comme la saga Twilight et quelques autres. Pour ceux ayant subi une surdose gerba tif de poétisme dramatique ado vampirique et ayant fui le genre, je viens vous apporter un peu d'espoir en vous proposant un long métrage de vampire "made in adolescent" inventif venant tout droit des années 80, prouvant que ce genre n'est pas qu'a condamné.
Brûler donc de votre esprit le film Twilight, et faites placent à Génération perdue (The Lost boys).
Génération Perdue est une fiction horrifique mordante et fun conservant toute sa fraîcheur malgré les années, situant sa pièce d'épouvante à Santa Carla. Il demeure encore aujourd'hui une oeuvre culte proposant une intrigue intelligente mêlant à la fois l'esprit insouciant des Goonies, à la complexité de l'adolescence d'un Sexe Intention, le tout agrémenté de séquences violentes et sanglantes, sans jamais tomber dans l'autodérision. Un tour de force du réalisateur Schumacher, qui apporte une critique solide sur le passage à l'âge adulte via des jeunes suceurs de sang. Le cinéaste parvient à dépoussiérer le mythe du vampire (commencé deux ans plus tôt avec Vampire vous avez dit Vampire de Tom Holland) à travers un récit insolite et satirique sur l'adolescence.
Le réalisateur crée une vision du vampire moderne, accessible, et moins théâtral, représentant l'incarnation totale de l'esprit des années 80 autant dans son fond que dans sa forme, sans pour autant mépriser le danger que représentent les créatures de la nuit. Le design des vampires est complètement réhabilité, mettant fin à une succession de Dracula souvent folklorique, snob, et maniéré ayant un fâcheux penchant pour les déboires dramatiques aux discours pompeux et à la démarche solennelle, appartenant à une haute noblesse vivant dans des châteaux perdus dans les landes avec de vieux cercueils pour lit, et une cape pour tenue. Une restructuration complète de l'image vampirique, ainsi que de sa légende, appuyé par une autre oeuvre sortant la même année "Aux frontières de l'aube" de Kathryn Bigelow, qui apporta le point final à la modernité de ce monster movie et à sa projection dans la pop culture. À présent le mythe fait place à des adolescents aux physiques et au comportement de loubard, amateur de grosses motos et de rock'n roll, résidant dans un squat, toujours en clin à s'éclater et à profiter de l'instant présent figé par leur immortalité, un refus de grandir évident. Une transformation importante et osée de l'image du vampire, de ses dangers, ses interdits et de ses transgressions qui pour la première fois donne réellement envie d'être une créature de la nuit.
Être un vampire c'est cool !
Niveau réalisation c'est du bon boulot, la mise en scène est frénétique, mettant dès la séquence d'ouverture l'accent en utilisant des plans aériens adroits. Le cinéaste à recourt à divers séquences de vision à la première personne qui induit le déplacement des créatures à travers le mouvement de la caméra pour mieux saisir. Des prises de vues à la caméra portée offrant des contrastes efficaces qui dynamisent les péripéties. L’image enrichie par la flambante photographie de Michael Chapman est chargée de valeurs et de sens différents (pour peu qu'on soit attentif), ainsi la forme se trouve tirer vers l'imaginaire via le regard mature de l'enfance face à une adolescence symboliser par un refus de vieillir.
Les différentes chansons sont un vrai régal, un véritable pied. Si vous êtes fan d'U2, Queen, Europe... alors vous serait méga fan de la bande originale qui possède une succession de morceaux rythmés superbement bien choisis, comme l’envoûtant thème principal ""Cry Little Sister"" de McMAnn Gerard, ou une reprise des Doors "People are strange". Les différentes pistes sont vraiment rythmées et offrent un véritable plongeon dans les meilleurs titres Rock des générations 80, là où le rock était à son top-niveau. À noter une utilisation récurrente des chansons dans plusieurs scènes ce qui bonifie réellement le tout.
La distribution est géniale ! On a droit à une abondance de jeunes comédiens des années 80 considérés comme les fleurons de l'époque avec Kiefer Sutherland, Jason Patric, Billy Wirth, Alex Winter, Corey Feldman, Jami Gertz...
Kiefer Sutherland est excellent dans le rôle de David le vampire. Personnage le plus saisissant et charismatique, il incarne tout en nuances le rôle du chef des loubards. Il représente le Peter Pan des vampires. Ce que j'aime avec ce bad guy c'est qu'il aime être un prédateur immortel, il s'éclate et profite de la vie, possédant une véritable liaison envers les siens. Avec sa bande ils forment une véritable bulle où le temps ne s'écoule plus.
Jason Patric est lui aussi de la partie, sous les traits de Michael (le personnage principal), il offre une performance intéressante avec son dilemme entre accepter de devenir adulte, ou faire partie de la team. La plantureuse Jami Gertz est magnifique dans ce film, elle apporte de la nuance ainsi que de la grâce. L'on retrouve également un de mes acteurs fétiche venant tout droit du long métrage "Les Goonies" Corey Feldman dont je suis très très fan dans le rôle de "Bagou", qui ici est différent dans son traitement puisqu'il incarne un enfant se comportant de manière sérieuse, avec son magasin de comics qui apporte une fois de plus des clins d'oeil dans un fun film chargé en référence très appréciable. Ce jeune acteur était vraiment l'enfant auquel je m'identifiais lorsque j'étais un gosse.
Un conte obscur aux consonances gothiques et métaphoriques appuyées par le jugement d'une enfance confrontée au refus d'une adolescence refusant la transition vers l'âge adulte. Le jugement n'est pas une fois appliqué par les seniors, ni les ados, mais par les enfants qui illustrent la sentence des adolescents qui refusent de grandir. La vision pleine de rêve et d'espoir d'une enfance voulant vite grandir, face à la vision plus mature et dégoûtée d'une adolescence qui finalement devant la réalité ne rêve plus que de rester des enfants. Un contraste génial et original dans une synthèse habile et inventive qui vos son pesant d'or.
Une illustration de Neverland créé par J. M. Barrie, via des pré-majeurs refusant finalement de quitter le monde des rêves pour la réalité. Comme le rappelle son titre original "The Lost Boys", traduction "Les Garçons perdue", le film s'inspire du conte de Peter Pan, en proposant des ados refusant l’accession au monde des adultes en se propulsant dans le pays imaginaire (offrant l'immortalité), représenté ici par la vampirique attitude, sauf que cette fois-ci le bourreau n'est pas un pirate muni d'un crochet, mais des enfants.
Beaucoup d'éléments ramènent à Peter Pan, entre la manière dont volent les vampires, leur repère superbement illustré qui rappelle beaucoup le QG des enfants perdus, mais aussi la motivation du grand méchant caché, qui finalement est simplement à la recherche d'une WENDY pour guider ses enfants perdus. Est également employé un chant lyrique chanté par des gamins lorsque le chef des vampires loubard (David) décède, étant par la même entouré d'un halo lumineux lors de sa mort comme pour montrer sa pureté (une superbe scène), laissant comprendre qu'il est le Peter Pan de cette histoire.
BIEN QUE LE TITRE ORIGINAL COLLE BIEN AU CONTENUE AINSI QUE SUR SON INSPIRATION, JE DOIS ADMETTRE UNE CHOSE ÉVIDENTE, LE TITRE FRANÇAIS COLLE ENCORE MIEUX QUE L'ORIGINAL.
Si The lost boy et un clin d'oeil évident aux enfants perdus de Peter Pan, il en demeure pas moins que ce ne sont pas les enfants, mais bien les adolescents qui sont perdus, et que c'est bien une confrontation générationnelle, donc "GENERATION PERDUE" est un titre tout indiqué. Une subtilité qui prouve qu'on n'est pas face à un simple et vulgaire film de vampires.
CONCLUSION :
Génération Perdue (The Lost boys) est une superbe relecture du vampire réadapté à la sauce rock’n’roll par un Joel Schumacher au top, le tout assuré par un casting tapageur. Que l'on aime ou non, fort est de constater que le message dressé est des plus originaux. Pour le sujet original et nuancé, ainsi que les références qu'il traite, Génération Perdue est à mon sens un chef-d'oeuvre que j'assume complètement. Il est une de mes madeleines de Proust dont je ne me lasse jamais de regarder. Un réjouissant et frénétique combat entre des gamins et des vampires, le tout saucé à l'horreur et l'humour noir. On le sait, Schumacher est un réalisateur capable du pire comme du meilleur, avec ce long métrage fort est de constater que c'est le meilleur qui est mis en avant.
Bon sang qu'est-ce que j'adore ce film !
- Bois en un peu, Michael. Sois des nôtres.
- """ MICHAEL, MICHAEL, MICHAEL..."""
- Tu n'es pas obligé, Michael. N'accepte pas, ne bois pas.
- Michael ?
- C'est du sang.
- Ouais, bien sûr...
- Bravo !!!!
- """YOUHOUUUUUUUUU !!!"""
- T'es super, Michael . Michael ! Michael ! Michael !
- Tu es des nôtres. Tu n'as pas fini de te payer du bon temps.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 100 de mes meilleurs films tous genres confondus., Les meilleurs films de vampires (dont j'ai fait une critique) et Classement du meilleur au pire des films d'horreur dont j'ai fait une critique
Créée
le 19 janv. 2019
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Le gus a beau avoir commis l'irréparable en participant à cette gigantesque fumisterie que fut le diptyque "Batman forever" / "Batman et Robin", et avoir attenté à la pudeur de nombreux cinéphiles...
Par
le 1 oct. 2013
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Un jour j'aurai vu tous les films de vampires, peut-être, et pourtant, je n'avais pas encore vu "Lost Boys" ! Ca partait plutôt mal sur le papier avouons-le : Schumacher le cordonnier le plus mal...
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le 13 mars 2015
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Ne cherchez pas Santa Carla sur la carte, cette ville n'existe pas sauf pour les vampires, les punks et les hardos. il fut tourné du coté de Santa Cruz.. La Warner Bros voulant surfer sur la vague...
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