Sympathique second couteau du cinéma populaire français, Patrick Braoudé n'aura pas convaincu grand monde en tant que metteur en scène, donnant lieu la majeur partie du temps à des comédies poussives, voir catastrophiques. Cependant, je dois confesser une affection toute particulière pour son premier long-métrage, relecture contemporaine de "La guerre des boutons", illustrant le conflit entre enfants de parents mariés et enfants de parents divorcés.
Premièrement, j'ai grandis avec ce film. Scolarisé à la même période et moi-même enfant du divorce, je me retrouvais facilement dans ces jeunes héros et découvrait avec joie que nos profs étaient parfois aussi ridicules que ceux montrés ici. Deuxièmement, désormais adulte et passé du côté de l'autorité, je me rend compte, à travers mon métier, que Braoudé a finalement très bien retranscrit le monde de l'enfance.
Car derrière son point de départ fantaisiste et ses atours de comédie anodine, "Génial, mes parents divorcent !" (titre il est vrai un peu con) est un des rares films à montrer l'enfant tel qu'il est: un mini-adulte en construction, hyper-sensible, absorbant tout sur son passage, se posant un nombre incalculable de questions, jurant comme un charretier et ne pensant qu'au sexe.
Construit du point de vue des mini-moys, le film de Braoudé saisit parfaitement l'ambiance des cours de récrée, avec ses luttes de pouvoirs, ses trahisons, ses interrogations et même ses petites romances, posant un regard à la fois amusé et critique sur des adultes complètement largués, qu'ils soient parents ou instits. Le film offre également son lot de répliques cultes (la théorie des couilles qui s'ouvrent au milieu pour laisser sortir le sperme; le gamin de dix ans expliquant à son prof qu'il ne s'est rien passé avec sa femme...) et de personnages attachants (le p'tit frère est grandiose avec ses carambars qu'il refile aux gamines en échange d'une réputation de tombeur), tout en évoquant avec délicatesse un sujet à l'époque délicat.
On pourra regretter cependant un certain manichéisme (il y a clairement les gentils d'un côté et les méchants de l'autre) et un dernier quart d'heure expéditif et peu crédible, tentant vainement d'apporter un regard plus sérieux sur les conséquences de cette guerre juvénile.