La 2ème Fin de l'Histoire ou le bout du bout du bout du monde Occidental

Je crois que le dernier film d'animation japonaise que j'avais trouvé aussi pertinent dans son propos remonte à 20 ans en arrière... Jin Roh pour ne pas le nommer. Ca vous donne une idée du niveau ou je place ce cinéma quand on s’intéresse a ce qu'il dit plutôt qu'a ce qu'il montre. L'ironie veut que déjà à l'époque il s'agissait d'un film d'animation qui traitait en substance d'une nation ayant basculé dans un régime dictatorial libéral policier fantome de nos démocraties post 11 septembre...

Enfin en 2017 le Geno Studio à la suite de Manglobe à eu la bonne idée de produire Genocial Organ qui vient mettre le doigt - que-dis-je - enfoncer son doigt bien profond dans le "Problème" majeur qui empoisonne notre monde depuis au moins deux siècles et demi sans jamais le nommer. C'est pourquoi j'en ferais autant.

Il le fait par l'angle du terrorisme qui s'oppose à l'idéologie occidental incarnée par l’Amérique WASP. Le modèle civilisationnel que tout le monde veut et que tout le monde vise en se levant tous les matins. Le porte étendard de l’esthétisme culturel adopté par le monde moderne à l'instar de l'Italie qui en plein milieu du 15ème propagea avec la Renaissance la nostalgie classique de l'antiquité a travers toute l'Europe grâce à sa puissance commerciale :

Commander une pizza en regardant un match et balancer son hamburger à peine entamé directement à la poubelle si ça nous chante

comme le dit si bien un des protagoniste du film. Certes mais tout cela à un coût d'après Ito l'auteur génial de ce film, un coût tellement élevé qu'on préfère le payer avec la vie d'autrui. . Le monde décrit dans Genocial Organ à beau être une fiction imaginé par un cerveau fertile, il n'en reste pas moins une caricature du notre c'est à dire de nos démocraties libérales plus tellement libérales. Et qui dit caricature dit fond de vérité, pas d'omelette sans casser d’œufs il parait. Et là-bas comme ici les œufs prennent très cher... (Et en matière de terrorisme les japonais en connaissent un rayon car malgré les apparences et malgré ce que les petits nervis d’extrême droite à la culture historique aussi complète qu'une tranche d'emmental l'imaginent, le Japon à dû souffrir d'attaques terroristes durant des décennies, notamment pendant les années de plombs)

En regardant ce long métrage n'importe qui pourra y projeter ses angoisses les plus enfouies sur la post modernité tellement il tire avec des mains pas toujours délicates la ficelle de la pelote du mal en la remontant jusqu’à la source. Ou du moins de ce que la doxa libérale devenue ultra sécuritaire, considère comme le mal absolu depuis le milieu du 20ème siècle : le Génocide.

Genocidal Organ, avec son scénario de jeu vidéo "Kojimièsque" (vous validerez le néologisme après visionnage) essaie de nous délivrer une réflexion lucide sur la modernité un peu à la manière d'un Mamoru Oshii (le talent narratif en moins), réflexion au sens étymologique tu terme. Car c'est littéralement le "reflet" de ce qu'est devenu le moi collectif dans le nous intimiste qui passera sous la loupe d'Ito avant d'être braillement disséqué en reprenant cette tradition des anciens films d'animation japonais pour nous faire nous poser les questions qu'on devrait tous se poser chaque fois que nous sortons de chez nous et nous pousser à nous améliorer en tant que citoyens "privilégiés".

Un réflexe salutaire qu'on aura globalement tous perdu si ce n'est jamais eu du tout... Preuve que quelques chose cloche dans ce monde de rêve. Merci à l'auteur pour ce travail car vu les temps (et la production aseptisée de masse) qui court c'est déjà un exploit. Alors soyons magnanimes sur ses défauts de film un peu mal narré monté sur ressorts pour le féliciter de son audace et prenons ce qu'il y a à y prendre sans bouder notre plaisir.

En conséquence ça sera pour moi un 8 bien mérité !

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PS : Ahaha ce titre de critique ! XD