Recommandé il y a une éternité par l'ami Gwimdor (je vous invite à lire sa critique passionnée et passionnante) et plus récemment par Black_Key grâce à son très chouette texte, voilà que je me décide enfin à visionner ce Raoul Walsh de 1942. Bien m’en a pris, merci à vous, Messieurs.


En grand adepte du pixel et du polygone que je suis, c'est toujours un plaisir de déceler (un peu par hasard cette fois) une inspiration de jeu vidéo dans un film, ou inversement. De Bioshock Infinite ici, en l’occurrence. Ken Levine doit aimer Gentleman Jim, car je ne crois pas que les noms DeWitt et Comstock, que l'on retrouve dans le jeu, ne soient le fruit du seul hasard.


Petite parenthèse mise à part, Errol Flynn apparait en grande forme, à la fois athlétique, aérien et charismatique en diable. Entrainé par Mushy Callahan, un champion de l'époque, l'acteur réalisera tous les combats lui-même, au prix d'une crise cardiaque qui heureusement ne lui sera pas encore fatale. Une simple alerte, avant que l'alcool n'érode Flynn pour de bon. A noter que les jambes filmées durant les séquences de boxe sont celles de son champion d'entraineur.


Une belle gueule, assez loin du Corbett original toutefois - plus d'une fois, j'ai eu envie de l'interpeller "Yo, Jim beau !" - et surtout, une gouaille à toute épreuve. Arrogant comme pas permis, rien ne lui résiste. Car Jim n'est pas du genre à faire des Corbett. Ce jeune banquier insolent, à la limite de l'irritant, gravira l'échelle sociale à vitesse grand V, troquant placement aux gens par des passements de jambes et autres placements de jabs, l'élégant et ses gants se mettant tout le monde dans la poche au cours de l'opération. Epater la galerie, c'est dans les cordes d'Errol. Pour preuve, dans Gentleman Jim, ce sont les adversaires de Jim qui y finissent. De "Man in a box" à "Manne in a Boxe". Son combat, c'est cette ascension. Jusqu’à la gloire. Jusqu'au firmament, là où il aspire depuis le début, à l'opposé de là d’où il vient, inversant ainsi l'Errol.


Un mot sur la réalisation de Walsh. Dynamique, dispensant nombre de plans larges quand il le faut, histoire d'en mettre plein la vue durant les combats, au plus proche lorsqu'il s'agit de faire ressortir le charme étincelant des protagonistes et la magie des dialogues. A ce titre, j'ai trouvé le personnage de Sullivan particulièrement attachant sous son apparence de brute épaisse, notamment sur la fin du film, mais je n'en dirai guère plus. Et pour refermer la parenthèse "magnétisme", que dire de la délicieuse Victoria Ware ? Une Alexis Smith piquante et parfaitement assortie à notre héros, ce bellâtre de Robin des Bois australien.


Autrefois Capitaine Blood, le grand Errol est ici le Capitaine Crochet: celui qui terrasse le spectateur devant tant de grâce.

Gothic
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Séance de rattrapage ciné - La liste dont VOUS êtes le héros !

Créée

le 4 oct. 2015

Critique lue 941 fois

51 j'aime

23 commentaires

Gothic

Écrit par

Critique lue 941 fois

51
23

D'autres avis sur Gentleman Jim

Gentleman Jim
Kobayashhi
10

La Ballade de Jim

Je viens de me découvrir un nouveau héros, celui qu'on admire naturellement et qui donne l'impression de pouvoir soulever des montagnes avec une aisance déconcertante. Celui qui vous embarque avec...

le 23 mars 2014

72 j'aime

20

Gentleman Jim
Sergent_Pepper
9

Le pavé sans amarres

Gentleman Jim, ou l’irruption à l’écran d’une torpille dont on va suivre la trajectoire avec jubilation et vertige. Errol Flynn a du charme, il le sait, et nous le fait savoir : son personnage est...

le 7 nov. 2014

70 j'aime

12

Gentleman Jim
Aurea
10

Roi de la boxe

Le réalisateur s'est inspiré de la vie d'un boxeur célèbre de la fin du XIXème siècle:James J. Corbett, devenu professionnel après avoir été un modeste employé de banque. C'est l'étincelant et...

le 27 juil. 2011

70 j'aime

17

Du même critique

Lucy
Gothic
2

Tebé or not tebé

Nuit. Tisane terminée. Film terminé. Gothic ôte son casque à cornes pour s'essuyer la joue tant il pleure d’admiration. Nomé(nale) quant à elle s'empresse de fuir pour cacher ses larmes de...

le 7 déc. 2014

276 j'aime

53

Blade Runner
Gothic
10

Le Discours d’un Roy

[SPOILERS/GACHAGE] Nombreux sont les spectateurs de "Blade Runner" à jamais marqués par le monologue final de Roy Batty, ce frisson ininterrompu le temps de quelques lignes prononcées par un Rutger...

le 3 mars 2014

261 j'aime

64

Bienvenue à Gattaca
Gothic
10

Ah ! Non ! C'est un peu court, génome !

A la suite d'un "accident", Jérôme est en fauteuil. Devenu "semi-homme" pense-t-il, ce mytho contrit ressent le besoin de s'évader, tandis qu'à Gattaca, Vincent est las de jouer les majordomes. Ce...

le 16 oct. 2014

256 j'aime

39