Et voilà comment 104 minutes de bonheur pelliculé renversent toutes les vérités que nous pensions depuis longtemps acquises.
On croit en effet qu’il n’existe pas de recette pour accoucher d’un chef-d’œuvre.
Que chacun d’entre eux obéit à ses propres lois dont la plus importante est une part de mystère insondable qui a dépassé jusqu’à ses propres créateurs. Gentleman Jim prouve, avec une insolence rare, tout le contraire.

En fait, un chef-d’œuvre c’est extrêmement simple.
Vous vous appuyez sur une histoire à la trajectoire limpide, sans y ajouter une once de complication inutile. Vous ôtez les rebondissements ineptes, retirez les suspens superfétatoires où autre chausse-trappe sans objet.
Au contraire, vous renforcez votre trame, rectiligne et pure, d’acteurs prodigieux et habités, vous ajoutez une couche sociale à double-fond beaucoup plus habile qu’il pourrait paraître, insérez une histoire d’amour totalement décapante et laissez un des plus jubilatoires et dynamiques acteurs de l’histoire du cinéma emballer le tout.
(Flynn, qui va décidément rejoindre Stewart, Cooper ou Mitchum dans mon panthéon).

Enfin, pour donner à votre film une force dévastatrice, comme pour la foule de Vidor, vous faîtes peu à peu monter la sauce, tout doucement, pour que le spectateur ne sente rien arriver, si ce n’est de constantes vagues de plaisir qui s’accumulent une à une dans son cœur, un cœur qui ne peut être préparé à tant d’émotion, c’est normal, c’est presque pas humain, et ainsi vous l’achevez par deux dernières scènes (Ward Bond, mais quelle grâce !), qui provoqueront sans coup férir un tsunami implacable qui se transformera en tremblement d’être de force 10 sur l’échelle du bonheur.

Mouais…
Dans le fond, c’est peut-être pas si simple à faire, un chef-d’œuvre.
Ça vient peut-être de Raoul Walsh, finalement.
guyness

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