Geometria est une œuvre de jeunesse de Guillermo del Toro. Ce 10e court-métrage de quelques minutes s’inspire d’une nouvelle de Fredric Brown, Naturally. C’est un petit bijou d’humour noir !
Qui n’a jamais rêvé de recourir à la magie face à un exercice de math ou de géométrie? Et qui plus est quand il s’agit d’un examen de géométrie raté pour la troisième fois ! C’est ce que décide de faire un jeune garçon, Fernando, après s’être fait réprimandé par sa mère pour son nouvel échec en la matière. Il s’enferme dans sa chambre, ouvre un manuel de magie noire et invoque un démon après avoir effectué les rites de protection. Mais attention, quand on n’est pas doué en géométrie et que le rite protecteur implique de dessiner une figure géométrique, c’est peut-être risqué… Et c’est justement la pointe humoristique de l’histoire.
Guillermo del Toro, parle de Geometria avec affection, il y est attaché. Quand il le réalise, il a alors 23 ans. Il se trouve dans une école où il se forme à l’écriture de scénario. Il a envie de réaliser un film d’horreur, genre considéré comme mineur à l’époque. Il est fan de Mario Bava et de l’esthétique colorée de ses films. Dans ce même esprit, il veut tourner un film avec des couleurs folles et saturées. Il a ainsi expérimenté et créé dans Géometria sa palette de couleurs qui l’accompagnera durant toute sa carrière. Il veut aussi tester les effets de maquillage. C’est sa première utilisation du latex. Geometria a été réalisé en l’espace de deux jours ! C’est sa mère qui joue la mère de Frederico. Le film a été tourné le week-end pendant qu’elle était disponible. La musique a été composée très vite par l’un de ses amis. Ils étaient court en temps car Guillermo voulait présenter le film lors d’un festival. Il n’a pu le peaufiner comme il le souhaitait mais le résultat est aussi fou qu’il l’avait voulu.
Geometria marque un tournant dans la vie de Guillermo del Toro. Il est un acte de rébellion juvénile. C’est un moment où il s’est distancié de ses professeurs. Ce film a été une manière de dire : je suis ni meilleur ni pire, mais je suis différent, je veux faire quelque chose de différent de ce que vous enseignez. Ce film est donc fondateur. A partir de là, Guillermo a suivi sa propre voie, parlé son propre langage sans se laisser enfermer dans les injonctions extérieures.