Mais qu'est ce qui a bien pu passer par la tête de Martin Scorsese pour qu'il consacre temps, énergie et ressources à la construction d'un film de 3 heures et demi sur... George Harrison !? Harrison, compositeur certes notable pendant une courte période (disons de l'"Album Blanc" à "All Things Must Pass", pour faire simple), mais également redoutable "nobody" oscillant toute sa vie entre périodes ridicules mais sympathiques (Hare Krishna et toute cette sorte de choses) et moments franchement gênants (le concert du Bangladesh, une horreur musicale sans nom..., les Traveling Wilburys ou comment rendre Roy Orbison et Bob Dylan risibles - un vrai défi) ? Harrison, le parfait honnête homme, qui finance les Monty Python (et on lui en sera éternellement reconnaissant), le meilleur copain du monde qui laisse son pote Eric Clapton lui piquer sa femme en gardant le sourire, le jardinier zen (les nains sur la pelouse...) ? Alors Scorsese n'a évidemment rien à nous raconter à partir de ce matériel ahurissant de platitude (une fois qu'il a recyclé une autre fois les images évidemment tétanisantes des Beatles), il interviewe des mecs aussi chiants que Clapton, Starr ou même Petty, bien moins drôle depuis qu'il a lâché l'alcool et la came, il tourne en rond faute d'idées, de direction, de concept. On sent en regardant "Living in the Material World" que Scorsese est désemparé devant la mollesse et le manque d'aspérité de tout ce merdier, on pique gentiment du nez devant des images parfois franchement embarrassantes... Et puis, 10 minutes avant la fin tant attendue, on sent qu'il pourrait se passer quelque chose : le cancer, l'incroyable violence de l'agression à son domicile, le demi aveu par l'épouse résignée que George était un sacré queutard... Scorsese serait-il passé complètement à côté de quelque chose ? Y avait-il un "côté obscur" derrière la force de George ? Ce sera à un autre de le découvrir... [Critique écrite en 2017]