Un film qui annonce tout de suite la couleur, avec un titre en forme de référence universelle. Guernica, ce petit village pilonné par l'aviation nazie un jour de marché, sur l'ordre du général Franco, en pleine guerre civile espagnole. Voilà vers quoi on sait voguer tranquillement : le bombardement traîtreux et gratuit de civils innocents. Et on s'y achemine sans trop de secousses, malgré une romance mâtinée d'enjeux journalistiques. Pourtant, la scène d'ouverture pouvait laisser supposer qu'on vibrerait davantage : une photographe à la Gerda Taro court après le cliché qui pourrait lui valoir un prix, certes, mais surtout alerter l'opinion publique mondiale sur les atrocités de la guerre civile. Et cette photo, elle réussit à la prendre au péril de sa vie, sauf que le mitraillage de sa voiture détruit le précieux témoignage, et on sait que c'est Robert Capa qui immortalisera l'image définitive de ce conflit meurtrier. Mais donc, ça démarrait de façon plutôt digne, disais-je. Ajoutons à cela un journaliste américain, qui lui non plus ne cherche pas à dissimuler qui l'a inspiré, désabusé, usé par trop de conflits et trop d'enjeux économiques, face auxquels ne font pas le poids les victimes des guerres qu'il a couvertes; des tensions nées de la volonté de propagande des Républicains, pourtant sur le point de perdre la guerre, et un petit monde journalistique qui se compromet parfois avec le pouvoir politique... ça aurait pu être franchement intéressant. Mais ça garde la facture et l'ambition d'un téléfilm, plutôt que d'une fresque historique à grand spectacle. Les tensions dramatiques sont desservies par un scénario paresseux, qui ne cherche jamais à surprendre et ne recule devant aucune invraisemblance pour imposer des morceaux de bravoure pas très impressionnants, à vrai dire. Bref, une sorte de pétard mouillé qui laisse sur sa faim, en dépit d'une réalisation plutôt soignée et des efforts des comédiens. Mais, franchement, la scène du bonheur familial simple dans la maison de l'héroïne ne fait pas du tout le poids, puisqu'elle est raccrochée à l'histoire de manière artificielle et ne débouche que sur une situation parfaitement farfelue une fois les héros rendus à leur vie professionnelle. En prime, le bras de fer entre les deux prétendants de la jolie héroïne tourne trop vite à l'avantage du 'jeune' premier, d'où cette impression de bâclé qui persiste jusqu'au bout. Ne parlons pas des tortures subies par le personnage principal, qui manquent lui faire perdre la raison quand il s'agit uniquement d'une douche froide. Bref bref, ça casse pas trois pattes à un canard, cette affaire.