C'est l'histoire de Geronimo, une éducatrice sortant du lot, c'est l'histoire d'un amour impossible, mais c'est aussi et surtout l'histoire d'une génération perdue entre ses origines et sa nationalité.

C'est avec force que le réalisateur Tony Gatlif nous invite au coeur d'une ville située au Sud de la France entre désert, mer et ambiance de ghetto, dans laquelle plane une atmosphère lourde, où la chaleur et la présence humaine y sont pesantes. Que de rage ! Nous ressentons les cotés les plus primitifs de l'homme, pas de discussions ou de politiquement correct, seulement une haine constante et une violence grandissante... Tout va droit au but, aucun détour possible, mais pourquoi se demanderait-on ? Est-ce le besoin de ces jeunes de revendiquer leur existence, de se faire entendre ? De ce couple de s'émanciper ? Est-ce une simple affirmation de soi ? Ce film répond à des questions non traitées et à une génération délaissée au milieu d'un pays : la France, avec en bouche, un goût amer de ce qu'ils pensent être leurs origines. Là est tout le problème soulevé pourquoi sont-ils dans cette recherche obsessionnelle de revenir à des traditions qui ont été enterrées par leurs grands parents pour laisser place à l'intégration. Bien évidement le phénomène d'animosité était déjà présent mais il s'avère être amplifié et justifié lors de la fuite de la fuite de Nil et Lucky, les jeunes "mariés" éperdument amoureux. Eux de leur coté représentent l'espoir de réconciliation entre les deux familles, aux air de "Roméo et Juliette" et de guerre des gangs ils sont en effet l'élément déclencheur de ce conflit auquel nous assistons.
Un conflit d'une heure quarante-quatre qui grâce aux talents des acteurs nous cloue sur notre siège avec une seule question : quand est-ce que tout va péter ?! Appuyé d'une bande son tout simplement sublime qui nous joue un air sauvage et primitifs entre retour aux traditions, obscurité, tourments et violence !
Le jeu d'acteurs quant à lui n'est autre qu' époustouflant, bien que parfois surjoué on pourrait s'attendre à un sentiment de lassitude, mais au contraire c'est de là qu'il parvient à tirer son charme. Les personnages puisent une certaine force afin de mettre en scène cette haine qu'on peut percevoir au plus profond de leur regard. Mais J'aimerai tout particulièrement attirer l'attention sur le rôle de Geronimo (Céline Salette) qui manipule à merveille cette éducatrice hors du commun, avec un courage inépuisable et une générosité à toute épreuve elle mène une lutte sans fin. Mais elle demeure une femme, non seulement humaine mais aussi suivit d'un vécu incroyable bien que non cité, c'est une écorché vive, c'est son charme, c'est sa force.

Avec une légère pointe d'humour bien amenée, malgré un évident aspect dramatique, le réalisateur a su manier avec brillance un sujet des plus délicats. Munit d'un scénario captivant et accrocheur, d'acteurs formidables et d'une mise en scène à la fois communicative et entraînante,Tony Gatlif nous offre un film simple et original. Touchant et poignant "Géronimo" nous pousse à réfléchir et mérite largement de se faire connaître !
arsouille
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le 15 oct. 2014

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