Geronimo ou The Story of a Great Enemy comme l’affiche le générique d’ouverture ne doit pas tromper. Ce film n’a pas pour objet principal l’histoire de ce grand chef indien qui a tenu tête à l’armée américaine.
Geronimo débute sur un prologue qui le présente comme celui qui se dresse, seul, face aux américains après la guerre de sécession, au moment où la conquête de l’Ouest reprend de plus belle. Suivent quelques images chocs montrant Geronimo attaquant les pionniers et de titres de journaux « Geronimo frappe de nouveau ». Cette introduction reflète bien le regard américain posé sur ce chef Apache. En effet, toutes les attaques indiennes lui étaient systématiquement attribuées dans les journaux, même si elles avaient eu lieu au même moment et à des centaines de kilomètres les unes des autres !
Passée cette introduction centrée sur la personne de Geronimo, le film ne s’intéresse à lui que de façon superficielle. Ses motivations sont présentées uniquement comme une vengeance personnelle envers les américains qui ont tué sa famille. La politique expansionniste américaine n’est pas remise en question, ni les terribles injustices endurées par Géronimo et les siens.
Le personnage de Geronimo ne sert ici que de faire-valoir à une intrigue mettant en scène les rapports compliqués entre un général américain : le général Steele et son fils Jack tout juste diplômé de West Point, qui vient combattre sous ses ordres, et qu’il n’a jamais vu grandir. L’intrigue met en opposition : le service de l’armée avant toute chose et les sentiments humains. La question est traitée sans trop de subtilité. Ce thème sera également exploité par Ford dans Rio Grande.
Le personnage que j’ai préféré a un rôle secondaire : « Atchoum ». Il apporte une touche bienvenue d’humour. Chanteur à la voix rocailleuse, dessinateur de caricatures humoristiques qui n’épargnent personne et surtout grand parleur distribuant à droite et à gauche des paroles pleines de bon sens, de vérité et pas toujours agréables à entendre. Il dit ainsi à une jeune fille blessée : « heureusement que vous êtes bien en chair. Votre bras serait cassé si vous aviez eu la peau sur les os ». Loin d’être un personnage superficiel, c’est quelqu’un qui sait prendre des risques pour les autres et se battre.
Ce western comporte quelques longueurs et maladresses, mais il n’est pas déplaisant à regarder si on accepte de ne rien apprendre de particulier sur Géronimo. Il offre quelques bonnes scènes de bataille et d’action et il n’est pas dénué d’humour. Le souci exprimé au début du film lors de la réunion des hommes politiques de l’Amérique : « sécuriser les frontières » est certainement aussi un reflet de l’inquiétude de l’Amérique l’année où sort le film. Nous sommes en effet en 1939, année où commence la seconde guerre mondiale et qui créé un climat d’insécurité en Amérique.