On retrouve, dans Get Duked !, une thématique assez proche de celle développée par le récent The Hunt, le tout saupoudré d’un esprit Goonies on ne peut plus réjouissant, puisqu’il s’agit une fois encore d’un groupe d’amis lancé dans une quête – le trésor devient un certificat – elle-même menacée par des antagonistes dangereux. Les enfants sont devenus des adolescents, le style n’est plus américain mais anglais avec un montage alerte, un humour décalé et un rythme d’ensemble qui jamais ne faiblit, rappelant par instant les premières œuvres de Danny Boyle ou de Guy Ritchie.
Mais au-delà de constituer un divertissement efficace, le long métrage propose une parabole politique plutôt intéressante, dans la continuité de ce que faisait il y a peu The Kid Who Would Be King : soit l’affrontement de deux âges, la jeunesse soucieuse d’imposer son identité et ses marques dans un monde qui n’a pas été fait pour lui, la vieillesse hypocrite qui se plaît à proclamer des valeurs qu’elle n’applique pas à elle-même. Aussi le film interroge-t-il en creux les fondements de la loyauté que doivent les sujets – et surtout les sujets les plus jeunes – à une couronne qui, comme le rappelle Dean, a contribué à renforcer les inégalités sociales, à détruire l’environnement, à tuer dans l’œuf l’espoir qu’apporte la nouvelle génération.
Les Highlands écossais apparaissent telle une terre de conflit originel entre deux cultures et deux églises, la catholique que défendirent jadis ses habitants – et qu’incarne saint Sébastien, patron du collège dont le nom figure sur le van blanc – et l’anglicanisme imposé au fil des ans par la couronne d’Angleterre. Se rejoue donc ici une guerre de religions, et la purification exigée par les chasseurs équivaut à un sacrifice religieux. Ce n’est pas un hasard s’il s’agit du duc d’Édimbourg qui chasse les quatre adolescents, accompagné de sa tendre épouse ; la charge est explicite, tranchante comme les dents d’une fourchette aiguisée, et son traitement comique n’a pour effet que de faciliter sa diffusion.
Des jeunes qui luttent pour survivre, des vieux qui s’amusent et font la morale. Le trait est plutôt épais, le geste politique et esthétique de Ninian Doff ressemble à celui d’un bulldozer lancé sur un champ de mines – dit autrement, ce n’est pas très fin – mais l’ensemble dispose d’un remarquable sens du rythme, de dialogues mordants servis par de très bons acteurs et une réalisation soignée. Aucun temps mort. Une vision du comique qui marche du tonnerre. Une œuvre terriblement efficace et jouissive.