Arrivé à la fin du mois d’août sur la plateforme de streaming du géant Amazon après avoir enflammé les festivals sous le titre Boyz’ the Wood, Get Duked ! reçoit immédiatement un accueil public très positif, voire dithyrambique. Forcément, ça attise ma curiosité d’autant plus que le survival façon chasse à l’homme est un genre que j’apprécie particulièrement et que c’est un film anglais. Que demander de plus ? En parcourant ci-et-là les critiques du film sur le web français, je me rends compte que là aussi, le film est encensé. Mais en ce qui me concerne, je dois avouer que j’ai trouvé ça sincèrement très moyen. Suis-je passé à côté du film ? Peut-être. J’ai pu lire sur Allocine que c’était « comme un film des frères Coen mais pour la génération d’ados actuelle ». Voilà, je crois que je suis définitivement sorti de la génération d’ados actuelle.
Get Duked ! est le premier long métrage du réalisateur Ninian Doff qui s’est auparavant fait remarquer en remportant plusieurs prix pour des courts métrages et des vidéos clips. Il va balancer des jeunes délinquants dans un jeu de massacre au fin fond des Highlands. Nous sommes donc dans un film de chasse à l’homme dans lequel de jeunes ados pas faciles vont faire office de proies à un groupe de vieux bien décidés à réguler la quantité de « racailles » (c’est la façon dont ils les définissent) en les dégommant tels de vulgaires merles. Mais comme nous sommes avant tout dans une comédie, le tout va bien entendu passer à la moulinette de l’humour anglais. Nos héros, un trio de bon gros cas sociaux pas piqués des vers, du rappeur qui met ses frasques sexuelles en chanson en passant par l’apprenti terroriste, et un premier de la classe bien sous tous rapports qui est là pour l’expérience humaine, vont donc se retrouver confrontés aux gros psychos de la campagne profonde. Très vite, on se rend compte que la comédie va prendre le pas sur tout et le côté survival est quasiment relégué au second plan, le film préférant jouer avec ses personnages. Il faut dire que le trio de « racailles » est bien gratiné. Les répliques débiles vont s’enchainer, avec des jeunes ados qui ne comprennent pas un broc de quoi que ce soit, et on voit très vite que Get Duked ! ne se prend jamais au sérieux. Le film s’amuse avec les clichés, sur la campagne, sur le hip hop, sur ces jeunes gens un peu paumés, mais très vite les mésaventures de notre petite bande deviennent répétitives. C’est la même chose au niveau des personnages qui n’ont au final pas tant de choses que ça à proposer tant ils font dans le stéréotype pur jus.
Get Duked ! a malgré tout son petit lot de scènes funs (le mouton en arrière-plan, certains running gag, l’explication du pourquoi les crottes de lapin peuvent faire office de drogue), et quelques gags font vraiment mouche. Le final est d’ailleurs des plus sympathiques avec son évènement qu’on ne voit clairement pas venir (même si un peu improbable). Mais de manière générale, l’humour tombe à plat. En fait, c’est ça, le film est assez plat. Il n’y a pas de réelle tension. Il essaie d’être rythmé, souvent artificiellement via des effets visuels (rappelons que le réalisateur vient du milieu du clip). Il ne va jamais assez loin dans la provocation alors avec un groupe de héros pareils, respectueux de presque rien, il y avait moyen d’y aller fort dans le politiquement incorrect. Oui, en fait il faut avouer que c’est quand même un peu moyenasse tout ça. Ou alors vraiment je ne suis pas la cible et je ne suis pas arrivé à me mettre en condition pour l’être. Et puis je n’écoute pas du tout de musique hip hop, une des grosses thématiques du film puisqu’un des personnages veut devenir le plus grand rappeur du monde, que la musique du film est essentiellement composée de hip hop, et qu’une séquence du film pourrait carrément être un clip d’une chanson de hip hop. Alors je serais bien incapable de dire que le film est mauvais – car il ne l’est pas – mais je pense que je devrais m’en tenir aux films de chasse à l’homme ciblant clairement un public plus adulte.
Get Duked ! c’est un peu le croisement bâtard de La Chasse du comte Zaroff, Trainspotting et du cinéma du duo Simon Pegg/Nick Frost. Sur le papier, ça donne envie, mais dans la réalité la sauce ne prend clairement pas. Malgré tout, cela reste divertissant.
Critique originale avec images et anecdotes : ICI