Depuis le début de sa carrière, près de 10 ans avant, Spike Lee a toujours essayé de se donner un rôle dans ses films. Depuis quelques temps, ce rôle se transformait en cameo, comme dans Clockers…
Dans Get on the Bus, il n’apparaît pas du tout. Construit comme un road movie, le film est très différent que le film-type du genre dans la mesure où les villes traversées ne sont pas des étapes dans le déroulement du film. En effet, ce qui intéresse Spike Lee, plus que la destination, c’est le trajet en lui-même, avec les discussions entre les personnages et les scènes bien plus légères et très représentatives de l’œuvre du trublion afro-américains, comme celle du Shabooya Roll Call, moult fois parodiée, jamais égalée. La réalisation de Spike Lee, justement, est particulièrement bonne, dans la digne succession de ses progrès entrevus dans Crooklyn et surtout dans l’immense Clockers. Il manie les filtres de couleurs aussi bien qu’un Steven Soderbergh sur Traffic ou Oliver Stone dans tous ses films. Il se permet en plus quelques plans fantastiques, comme lors de la fouille du bus.
Les acteurs sont excellents, véritable réunion de seconds rôles afro-américains, tous en contre-emploi, ou presque. En effet, on y retrouve Andre Braugher en acteur homophobe et flambeur, Roger Guenveur Smith en policieux sympathique, Isaiah Washington et Harry Lennix en couple gay (on évite les clichés des grandes folles, d’ailleurs) et le plus impressionnant, Thomas Jefferson Byrd (le tueur atteint du Sida dans Clockers ou le caïd dans Set it Off) en père sympathique mais franchement dépassé par les évènements. On y retrouve même l’immense Richard Belzer dans un petit rôle. La musique du film est, comme d’habitude chez Lee, particulièrement soignée et réussie.
Provocant, passionnant, drôle et touchant, Get on the Bus est un des plus beaux films de la carrière de Spike Lee, dans la digne continuation de ses deux derniers opus, particulièrement excellents.