En développement depuis la mort de James Brown en 2006, Get On Up sera passé entre plusieurs mains, le projet le plus ambitieux étant celui envisagé par Spike Lee avec Wesley Snipes puis Eddie Murphy envisagés dans le rôle. Finalement, le biopic aboutira par le biais de Mick Jagger et Brian Grazer, confiant la mise en scène à Tate Taylor, remarqué grâce au succès de La couleur des sentiments. Budgétisé à 30 millions de dollars, le film ne connaitra pas le succès escompté, remboursant tout juste sa mise.
Extrêmement classique dans son déroulement, revenant sans surprise sur les moments les plus importants de la carrière du Godfather of Soul, Get on Up étonne cependant dans sa construction. Jetant aux orties la linéarité habituelle, le film de Tate Taylor joue adroitement avec le montage, avec les différentes époques et surtout, explose à plusieurs reprises la barrière du quatrième mur.
Bien que condamné à survoler son sujet, Get on Up parvient à embrasser les multiples facettes de son personnage, tour à tour génie, showman, enfant perdu, survivant, despote ou enfoiré fini. Loin d'être angélique, le portrait esquissé ici est au contraire complexe, n'hésitant pas à revenir sur les aspects les moins reluisants de la personnalité d'un artiste complet, sans toutefois se permettre de juger le bonhomme. Dans un rôle casse-gueule et risqué, forcément attendu au tournant, le méconnu Chadwick Boseman est tout simplement prodigieux, comme possédé par l'esprit de la soul et de son plus grand représentant.
S'il ne révolutionne rien, Get on Up se tire admirablement d'un exercice risqué. Mis en scène avec soin et énergie, interprété avec talent et bénéficiant d'une bande originale du tonnerre, il parvient à retranscrire la puissance et l'émotion d'une musique universelle et toujours aussi entraînante aujourd'hui. Ce qui reste l'essentiel.