L'éternité en chemise framboise, ça craint

(Attention, le lecteur de cette critique doit savoir qu’ici ça « spoile » à fond).


C’est donc l’histoire d’un « BG » à mâchoire carrée façon yuppie des années 80 avec brushing et tout et tout qui s’achète tranquillou un immeuble un peu délabré dans un quartier visiblement un peu défavorisé. Ça donne de la masse avec son pote et sa chérie pour transformer le truc façon loft (la mode de la gentrification était déjà lancée visiblement).


Et ils sont heureux, heureux à un point tel qu’on en est tout bouleversé. Et ils ont des moments sublimes où sa chérie fait de la poterie sans culotte, et lui il vient tout faire foirer et venant par derrière après avoir mis la musique à fond sur une chanson de lover. J’en suis encore bouleversé. Et comme le BG est super fort, quand il la caresse toute la glaise qu’il avait sur les mains a disparu miraculeusement, enfin bref, c’est fou l’amour.


Mais une ombre semble planer sur ce bonheur ; le gars il se pose des questions existentielles par ce qu’il a vu un cash aérien à la téloche. Grosse prise de conscience sur la précarité des choses (après on dira que la télé abêtit) face au désastre.


Bref, après il taffe un peu quand même, et à son taf il repère des trucs pas clairs sur les comptes de certains clients et il en est tout perturbé (pourtant il devrait être habitué vu le type de boulot qu'il fait, mais bon...).


Et puis après, il décide de se changer les idées avec sa chérie en sa baladant dans des rues super glauques et mal famées, c’est plus romantique.


Et là, paf ! LE drame. Il se bastonne avec un vilain pas beau qui traine et le braque –bah oui, en même temps, ça fait un peu parti du folklore de ce genre de quartier -, et un coup de feu part, - le pistolet n'était finalement pas en plastique -, et le vilain pas beau s’en va en courant, le vilain (pas beau aussi, faut suivre), et le BG (il est beau parce qu'il a une mâchoire carrée) lui coure après en mode Carl Lewis, mais ça ne suffit pas. Alors il revient tout essoufflé vers sa donzelle et là il y a un truc qui cloche, parce qu’elle a l’air de faire un bad trip avec tout plein de larmes et tenir quelqu’un dans ses bras. Et là, tu ne me croiras pas lecteur, le mec dans ses bras tout plein de sang c’est le BG lui-même. Alors le BG qui revient il comprend pas ce que c’est que ce mec qui lui ressemble et qui a l’air mal en point ; il se demande si c’est l’amant de sa nana, même s'il se trouve plus beau quand même, puis il réfléchit un moment profondément, son visage grimace à cause de l'effort inaccoutumé que la chose exige, pense à regarder sur Google pour se renseigner (non, c’est une blague Anna Kronique ; le ternet ça existait pas à l’époque, même pas les portables, le minitel tout juste ; ils arrivaient quand même à vivre sans; quelle existence misérable ce devait être !).


Alors les ennuis commencent pour le BG, parce qu’en fait c’est lui qui est mort et il s’aperçoit qu’il a mis sa chemise la plus moche (chemise framboise) et qu’il va devoir la garder pour l’éternité maintenant. Et ça craint vraiment et ça lui fout la haine ; du coup il donne des coups de poings partout dans le vent parce qu’il traverse tout. Bah oui, c’est un fantôme (certains experts en cinéma s’accordent à dire d’ailleurs que c’est pour ça que le film s’appelle Ghost, mais rien n’est tranché pour l’instant). On notera qu’il ne traverse pas le sol par contre, parce que sinon ce serait vraiment la merde pour le coup. C’est bien foutu quand même le protocole fantôme.


Après évidemment ça s’arrête pas là, parce qu’en fait il y a une machination derrière, et que le super pote c’est un méchant (on le savait avant quand même parce qu’il a une gueule de con de méchant).


Et que le BG, il doit protéger sa donzelle toute fragile et sensible et naïve et tout (une vraie caricature de fifille à l’ancienne – d’ailleurs, un peu plus et elle tomberait dans les bras du faux ami, la faible femme, parce qu’il a retiré sa chemise et vient lui parler en lui soufflant son mauvais whisky dans les naseaux ; forcément la faible fille risque de succomber, surtout que ça fait une éternité que son bel amoureux dont elle est inconsolable est mort, quatre mois au moins, voyez un peu, et que plus personne n'est là pour lui faire foirer ses poteries.


Alors le BG il passe par une médium (Whoopi Goldberg) charlatan, mais non en fait, parce que ces pouvoirs semblent émerger avec le BG (on ne sait pas pourquoi, mais c'est pas grave; qui vous a demandé de réfléchir oh !!!) pour lui parler. On notera que quand WG apparaît on commence à rouvrir un peu les yeux et se redresser, presque intéressé par cette histoire. WG finalement rend autant service au film qu'elle dépanne le BG; elle sert d'intermédiaire entre ce film ectoplasmique et nous, en somme, et ça c'est super bien vu de la part des scénaristes, même s'ils n'y sont pour rien et qu'ils ne l'ont pas fait exprès.


Le BG apprend aussi à faire le poltergeist et tout avec un vieux rital à tête bizarre (vraiment ce quartier, que des gens chelous quand même; vivement l'implantation des autres golden boys par ici) du genre soupe au lait pourvu d'un sens de la propriété aiguë ; Le BG obtient d'ailleurs la mention très bien avec félicitations du jury, et gagne un coupon achat pour changer sa garde-robe, changer de chemise peut-être, etc.


Et tout ça, toute cette réussite, alors qu’il est toujours perturbé psychologiquement par cette histoire de chemise framboise pour l’éternité. Donc bravo à lui, quand même.


Bon, il s’en passe des trucs après. Et ça fait froid dans le dos. On s’aperçoit que les méchants, quand ils passent l’arme à gauche, ils ont une option petits fantômes encapuchonnés pas commodes qui grognent comme dans les dessins animés, et qui viennent les chercher et les emmènent on ne sait où (si ça se trouve c'est dans un endroit sympa, ça suffit le délit de faciès!). Alors toi, lecteur tu dois frémir un peu quand même, et repenser à quand tu as mis une pomme de plus dans le sachet chez Franprix après la pesée. Peut-être que t’y auras droit aussi, et qu'ils t'enverront travailler pour l'éternité comme caissier à Auchan.


Enfin voilà, vous ne vous y attendiez pas du tout, mais le BG à chemise framboise il est trop fort et il sauve sa donzelle, et bat les méchants, avant de s’éclipser dans la lumière façon Rencontre du troisième type quand le gars il part dans le vaisseau avec les aliens surement érotomanes pour un gang bang interstellaire. Toujours avec la même chemise malheureusement. C'est la note un peu pathétique du film, et il est probable que vous laisserez échapper une petite larme à ce moment bouleversant.


Voilà, il a fait son taf alors ciao !


Tout ça pour dire que ce film est très moraliste, manichéen et tarte, et que seule la performance de Whoopi Goldberg, la seule actrice un peu charismatique et incarnée du film, sauve un peu l’affaire avec quelques moments sympathoches façon comédie.


Merci pour votre attention.


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le 30 janv. 2025

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Initials B.D.

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