Adapter un manga sur grand écran a toujours été casse-gueule, surtout de la part des studios américains. On a encore en travers de la gorge Oldboy et Dragonball Evolution fait partie de ces abominations que l'on aimerait voir disparaitre. Alors quand l'annonce d'une adaptation-live de "Ghost in the Shell" fut annoncée, le monde fut en alerte. Bashé avant même le premier trailer, accusé de whitewashing, désavoué... Le film du pourtant habile Rupert Sanders (le sous-estimé Blanche-Neige et le Chasseur) en a connu des vertes et des pas mûres avant de sortir en salles, divisant aussi bien la critique que les spectateurs, les fans comme les néophytes...
Pourtant, force est d'admettre que Ghost in the Shell est une bonne adaptation du manga de Masamune Shirow. Et il faut bien dire "adaptation" et non retranscription. Car s'il emprunte forcément des plans iconiques au film de Mamoru Oshii, Sanders livre ici un long-métrage au scénario en soi inédit puisqu'il regroupe plusieurs points et thématiques de l'univers entier de Ghost in the Shell : personnages issus du premier film, geishas issues du deuxième, méchant inédit qui s'avère être un mélange entre le Rieur de "Stand Alone Complexe", le Puppet Master du premier film et Hideo Kuze de "2nd GIG". Mais au-delà de références évidentes et de fan-service obligatoire, le long-métrage prouve que le metteur en scène a bel et bien compris les thématiques de la saga et les adapte brillamment au public international.
En dépit de quelques facilités (dont l'ajout d'un bad guy américain cliché et pas franchement nécessaire), Ghost in the Shell réussit l'exploit de proposer à la fois une adaptation intelligente et maîtrisée d'un support à l'origine étranger mais également un blockbuster d'action détonant où l'on en a pour notre argent. Entre une Scarlett Johansson convaincante en iconique Major, un Pilou Asbæk épatant en sidekick bourru et un Michael Pitt glaçant en bad guy semi-numérique, le film baigne d'une atmosphère futuriste certes peu originale (coucou Blade Runner) mais visuellement sublime, le tout étant bien entendu agrémenté de séquences d'action pétaradantes et de dialogues soutenus. En somme, un long-métrage réussi, incompris mais enthousiasmant, preuve que l'on peut adapter un manga lorsqu'on le fait avec intelligence.