Ghost in the Shell Arise : Border 4 - Ghost Stands Alone par Ninesisters
(critique de la série Arise)
Dans une industrie de l’animation japonaise qui semble désormais rechigner à proposer des trames adultes et traitées comme telles, une franchise comme Ghost in the Shell fait plaisir en annonçant des ambitions plus élevées que la moyenne. Cela ne suffit pas forcément, mais l’effort n’en reste pas moins louable.
Jusqu’à présent, les œuvres estampillées Ghost in the Shell avaient réalisé un quasi sans faute. Mais si Arise est loin d’être honteux, il n’arrive pas pour autant à se hisser au niveau de ses prédécesseurs.
Plusieurs éléments peuvent expliquer ce phénomène, à commencer par le sujet abordé, casse-gueule par excellence : la première rencontre entre les personnages, et avec elle la genèse de la Section 9. Un sujet survolé dans les anciens opus, mais ici abordé frontalement, avec son lot de contradictions ; ce qui n’est pas un problème en soi, chaque avatar possédant son propre univers et sa propre logique interne. Là où Arise se sort de son propre piège, c’est que si les personnages sont des clichés basés sur leurs précédentes incarnations, nous ne tombons pas pour autant dans le fan-service ; les auteurs prennent leur temps et ne terminent pas le premier épisode avec une équipe déjà au complet.
Là où nous tombons effectivement dans le fan-service, c’est que les auteurs se sentent obligés de multiplier les références aux événements sensés se dérouler après ceux de Arise, au moyen de remarques des personnages ou de répliques anodines. Cela aurait pu fonctionner une ou deux fois sur l’ensemble de la série, mais le procédé est ici systématisé et surtout employé avec la finesse d’un pachyderme dans un magasin de porcelaine. C’est un peu comme si, régulièrement, ils essayaient de nous donner de petits coups de coude en nous disant « Vous voyez ? Vous voyez ? Nous aussi nous aimons Ghost in the Shell ! »
C’est sans doute pour la même raison qu’ils ont tenu à complexifier à outrance une trame qui n’en avait pas besoin, seulement car les histoires compliquées et alambiquées constituent une des marques de fabrique de la franchise. Alors qu’il aurait mieux valu produire un scénario réellement élaboré, plutôt que de nous noyer dans un récit qui fait semblant de l’être.
C’est d’autant plus dommage que les auteurs convoquent des thèmes réellement intéressants et pertinents dans cet environnement, comme la propriété des corps cybernétiques ou le refus de cybernétisation.
Pour le reste, Arise n’est certainement pas un anime honteux, loin s’en faut ; c’est juste que, pour se réclamer de Ghost in the Shell, il faut un peu plus de répondant. La technique d’animation est excellente, les personnages toujours aussi charismatiques (même s’ils ont tendance à ressembler à des caricatures d’eux-mêmes), l’action et l’univers techno-futuriste toujours de la partie, et l’ensemble se laisse suivre avec grand plaisir. Avec, pour ma part, une légère préférence pour le troisième épisode.
Seulement, ces OAV souffrent aussi de nombreuses petites fautes bêtes – outre la nouvelle apparence de Kusanagi – et c’est d’autant plus dommage que, parmi ses quelques éléments inédits, certains sont particulièrement bien vus. La série devrait donc convenir aux amateurs de la franchise, sachant qu’elle sera probablement difficile à aborder pour un néophyte.