Ghost World est une forme de "coming of age movie" autour de deux adolescentes dans une ville quelconque américaine.


Nous suivons en particulier Enid (joué par Thora Birch), une ado mal dans sa peau et qui passe son temps à croquer des gens qu'elle croise, un peu peste mais surtout paumée. Rebecca (Scarlett Johannson), sa meilleure amie, est un peu plus "classique" et rêve de partir de chez ses parents. Le film s'intéresse au passage où ces deux personnages commencent à changer différemment et prendre des routes qui leur sont propres. Dans ce cheminement intervient, bien malgré lui, Seymour joué par Steve Buscemi, un personnage très touchant par sa maladresse. Il collectionne les 78 tours, a tout du vieux garçon qui a renoncé à avoir une vie amoureuse parce qu'il se sait en décalage total avec les autres. La marginalité de Seymour va interpeller Enid qui elle même est en dérive car ne sachant pas comment grandir et rentrer dans le monde des adultes.


Je trouve que l'énorme mérite des personnages se trouvent dans leurs défauts. Aucun des personnages n'est moralement "irréprochables" et en particulier Enid. Son apparente arrogance a tout de celle de l'adolescence, quand on pense mieux savoir que les adultes et qu'on leur reproche d'avoir renoncé à poursuivre leurs rêves. Elle butte elle même là dessus. Cela ne la rend pas détestable mais totalement humaine. Chaque personnage doit ici vivre avec ses contradictions et paradoxes.


Comme dans beaucoup de films indie, le rythme n'est pas forcément soutenu mais chaque scène est utile pour dépeindre la photo d'ensemble. Si certaines scènes sont drôles et amènent un peu d'air (notamment les scène à la supérette ou avec la prof d'art plastique), la tonalité générale est douce amère.Quelques scènes sont particulièrement tristes et déprimantes. Deux me viennent en tête: quand Seymour se retrouve à voir un musicien de ragtime faire la première partie d'un groupe de "blues" (et la totale incompréhension de la femme avec laquelle il essaie de parler) et la scène où un de ses camarades collectionneurs de disques "plus normal" que les autres se prend un mur avec Rebecca qui s'ennuie (logiquement) à une soirée où elle ne devrait pas être.


Je crois pas que la marginalité des personnages soit ici feinte ni dépeinte de manière positive. Seymour ne cherche pas à être unique ou différent des autres, il n'en tire aucun avantage mais porte au contraire cela comme un poids. Son taff normal lui permet de passer entre les gouttes d'un système qui n'est pas fait pour lui. Enid, de son coté, se cherche comme toute bonne adolescente qu'elle est. Elle oscille ainsi entre la normalité (de plus en plus présente) de son amie Rebecca et la marginalité de Seymour. Il ressort de tout cela une énorme mélancolie. Par certains aspects je trouve que ce film est complètement à l'opposé de "500 jours ensemble" : "Ghost World" ne rend pas si glamour la différence ou le fait d'avoir des références qui échappent aux autres alors utilisé comme de simples accessoires. Il montre des personnages qui essaient de se débrouiller comme ils peuvent dans la vie, aux prises avec un environnement qui ne leur convient pas.

alextwist
9
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le 27 déc. 2020

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alextwist

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