Après le lycée (manque juste une fin)
C'est un de ces films, comme "American Graffiti", sur ce dernier été après le bac où l'on regarde chacun faire les préparatifs vers sa nouvelle vie, les amitiés se défaire car chacun fait ses choix : s'arracher pour viser plus haut ou rester. Et l'on s'identifie, forcément, au petit canard qui reste sur le banc de touche.
Enid (Birch) et Rebecca (Johannson) traînent après leur "graduation". Elles fonctionnent en couple, comme deux pestes qui disent du mal de tout le monde. Mais leur amitié va se défaire peu à peu : Rebecca va bosser dans un Starbuck's et a envie d'indépendance matérielle (jusqu'à s'extasier sur une planche à repasser encastrée dans le mur de sa location). Enid, elle, doit suivre un cours d'été de rattrapage. Appelle pour rire une annonce de rencontre minable qui se révèle mener à un qinqua fan de vieux jazz, Seymour (Buscemi), qu'elle va pousser à rencontrer des femmes, mais qu'elle désire secrètement. Va tenter un projet d'art qui va faire scandale, mais qu'elle ne sera pas là pour défendre. Se fait virer dans l'heure de son boulot de caissière de magasin de popcorn. N'accepte pas que son père retrouve l'amour. Le film se clôt sur Enid qui, après avoir vu un curieux vieil homme qui attendait toujours à une station de bus désaffectée monter effectivement dans un bus, monte dans le suivant, laissant tout cet inachevé derrière elle.
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J'ai beaucoup aimé ce film car, comme "American Graffiti", il inscrit parfaitement chaque personnage dans une culture matérielle précise. En fonction de ses goûts, de ses réactions, chaque personnage fait ses choix, parfois inattendus, notamment en ce qui concerne Seymour. Beaucoup de scènes, courtes, sont autant de coups de pinceaux qui brossent le portraît d'un être en train de changer, et ce sentiment que l'on est en train de passer à autre chose est très fort et très réussi.
Concernant l'interprétation, c'est évidemment amusant de voir Johansson jouer les adolescentes négatives à la voix rauque, et Buscemi, en loser touchant, fait juste ce qu'il faut. Il y a simplement des choix visuels un peu voyants, qui révèlent bien que le film est une adaptation de comics. L'interprétation de Birch est un peu plus engoncée dans le personnage que les autres. Peut-être parce que le film se centre un peu trop sur elle. Peut-être parce que ses robes qui changent à chaque scène distraient un peu le spectateur. Peut-être parce que c'est une actrice un peu plus typée que les autres. Je ne saurais dire. La réalisation est classique et efficace, c'est parfait. Les plans généraux de rue m'ont parfois rappelé un peu "American Graffiti". C'est juste dommage que ça faiblisse un peu dans le dernier quart d'heure, la fin étant à mon sens une fausse fin ouverte.
C'est un beau film sur la difficulté du passage à l'âge adulte, avec une ambiance nostalgique.