Ne jamais écrire une critique à chaud, une règle qu'on ne devrait jamais briser, sous peine d'écrire un dithyrambe sous le coup de l'émotion, ou une critique pleine de fiel après une déception.
Mais je ne tiens plus, et j'ai carrément mis le film en pause pour écrire ce petit billet en guise de coup de nerf.
Il est un personnage récurent dans les vieux films d'horreur, celui du Sceptique, le Rationaliste, souvent barbu dans les films italiens fin 70's début 80's, celui qui nie l'évidence jusqu'au bout, même sous une pluie d'asticots ou devant une armée de zombies. Ce personnage est toujours agaçant, s'évertue toujours à tirer 5 balles dans le coeur du zombie avant de se résoudre à utiliser la sixième pour shooter la tête.
Ce personnage énerve, mais participe à la dynamique, représente un archétype somme toute acceptable, celui d'un individu attaché à ses certitudes et dont le monde s'effrite autour de lui, n'ayant plus que celles-ci pour ne pas sombrer dans la folie la plus sombre. Ca n'empêche pas d'avoir de furieuses envies de meurtres, ou au moins de coups de pieds au cul (oui, "pieds" au pluriel, des deux pieds, les coups, tellement il est agaçant!), mais on finit par presque le trouver attachant, et par trouver son absence presque décevante lorsqu'il manque à l'appel.
Mais là, en ce moment même, je suis en train de fomenter un attentat contre le scénariste, le réalisateur et l'actrice, tous trois à l'origine de mes remontées gastriques du moment.
Scepticisme et stupidité crasse mâtinée de mauvaise foi réunis au sein d'une mère qui cherche à protéger sa fille.
Elle applique tout le long de la première heure du film la technique du déni pur et simple.
Soit.
Sauf qu'elle même, sa soeur et avant elles, sa mère, avaient déjà des visions de l'au delà.
Déjà là, ça commence à coincer. On grince des dents quand on l'entend dire à sa fille que tout est dans sa tête, alors que tout le monde voit des fantômes (sauf le mari), ressent des choses, qu'on retrouve des trésors enterrés grâce aux indications d'un des fantômes, que les visions prémonitoires de la fille se vérifient systématiquement.
Mais la mère nie. Bref. (la colère monte d'un cran)
On tolère vaguement cet échec narratif, ce choix scénaristique débile, en profitant des quelques vagues effets flippants, néanmoins moins efficaces que dans le premier Haunting in Connecticut.
Puis arrive une scène que je me dois de SPOILER, pour que vous compreniez ma colère.
La fille manque de se noyer dans son bain, et gerbe des insectes et autres saloperies en se réveillant.
Comme la mère passe son temps à nier les visions de sa fille, la fille se venge en disant à l'infirmière qu'elle n'a jamais vomi d'asticots, que c'est sa maman qui déconne.
Et là, par contre, vomi d'asticot + mensonge = possession démoniaque pour la maman rationnaliste! Evidemment, suis-je bête, ça tombe sous le sens!
Un pseudo exorcisme plus loin, la gamine se fait à moitié kidnapper par des fantômes en pleine nuit, sauver de justesse, puis dit à ses parents, une fois le drame passé, qu'elle n'a plus envie de vivre ici, parce que son fantôme lui a dit que ça craignait, et là, la mère lui refait le coup de "tout est dans ta tête, ça suffit maintenant, retourne dans ta chambre" !!!
Non mais de qui se moque-t-on ?!!!
La mère a des putains de vision tout le film durant, sa fille manque de crever, se fait kidnapper par des fantômes, et elle continue sa technique l'autruche ?!!! Ah non, c'est vrai, elle a fait un mytho exorcisme entre temps, j'oubliais! Et en plus, elle s'accorde le luxe de bouder quand elle voit que la famille refuse de la rejoindre la tête dans le sable ?!!!
[/SPOILER]
Voilà où j'en suis, dans le déroulement du film.
Des rationalistes, j'en ai forcément déjà vu dans les films, parfois bien foutus, parfois mal dégrossis, mais là, on touche à un sommet d'absurdité et de connerie.
Les personnages sont mal foutu, flous, imprécis, motivés par rien, incohérents, seulement utilisés en tant qu'instruments pour faire avancer tant bien que mal un film qui rame un peu, mais la maman, c'est tous les défauts du film cristallisés en un personnage.
D'où le titre de cette critique.
EDIT : Ayé, j'ai fini.
Et au final, le 2 pèche aux mêmes endroit que le un. Un espèce de moralisation pas toujours du meilleur goût (avalanche de sucre, de sirop d'érable et de bons sentiments au point de fiche la nausée), une fin qui se passe de commentaire tant elle est indigeste. Mais il partage aussi avec un certain sens de la cruauté, et propose au moins une belle idée, une tanière décente pour un méchant bien méchant, qui n'est pas sans évoquer la créature de La Maison Près du Cimetière de Lucio Fulci. En moins bien, cela dit.
Bref, peut être que son défaut principal est de viser le PG 13 ? Je ne sais pas.
Je lui mets quand même 4 (peut-être 5, je sais pas encore) pour les quelques bonnes idées perverses et images bien senties, parce que la sous Moretz joue bien, et aussi parce que j'ai aimé le cadre. Mais cette désagréable odeur d'édulcorant, cette giclée de bons sentiments bien gluants, et ces personnages finis à la truelle font que même dans un bon jour, la note ne dépassera pas 5 (oh merde, en fait il mérite 4 point barre!)
Et un personnage comme celui de la maman peut s'avérer rédhibitoire pour les moins indulgents.