Voilà un film brut de décoffrage comme il y en a très peu aujourd'hui(le dernier étant The Expendables).
Peu de fioritures graphiques ou stylistiques pour cacher les défauts comme partout aujourd'hui, la réalisation est instinctive et brutale.
Deux réactions se dessinent :
-C'est de la merde.
-C'est bien parce que c'est drôle parce que c'est de la merde.

Ces deux interprétations du grand public sont INADMISSIBLES.

Ghosts of Mars est un des films les plus sous estimés de sa génération car c'est une œuvre humble qui ne cherche pas à plaire par des mouvements de caméra, un montage épileptique ou divers filtres.

Le génie de Ghosts of Mars réside dans ses racines, il faut creuser pour apprécier. C'est un film qui se mérite, il est donc peu accessible aux pseudo-cinéphiles qui refusent tout film d'aspect simpliste. Sans parler des analogies que l'on trouve dans tous les films...colons/indiens, aryens/dégénérés, noblesse/clergé/tiers-état, etc...je vais tenter de vous faire apercevoir une petite partie des bonnes choses que ce film contient et que vous n'avez pas forcément capté étant donné vos a priori que ce film crée sur lui même.

Tout d'abord : le décor. Comment représenter un monde pour lequel notre corps n'est pas fait ?
Par des étendues gigantesques et magnifiques comme dans Avatar ? Evidement que non.
Par des MURS. Le décor de Ghosts of Mars se "limite" à l'emprisonnement que peut ressentir un homme qui n'est pas à la hauteur. Quand une créature est fragile, elle se fait un terrier, sur Mars, le terrier est en béton armé.
Les plus abrutis diront qu'il ne s'agit que de carton pâte. Eh bien non, tout simplement non, Carpenter a loué une VRAIE mine et l'a fait repeindre en rouge chaque jour. Démentiel et tellement symbolique.

Ensuite, Richard BIG DADDY MARS Cetrone, le gourou des possédés qui fera les cascades dans des films comme 300 ou Iron Man. Ses cris me hantent encore. Par un éclair de génie, Richard a choisi de ne pas crier forcément avec une voix grave, ça nous renvoie aux origines de l'homme, aux primates. Cela pose la question du langage et de sa surestimation dans la société d'aujourd'hui. Peut on échanger des idées sans langage ? Ce que l'on ne comprend pas est il forcément absurde ? Ce personnage montre que seul l'art fédère. (sculptures et armes en métal, têtes sur les pieux, transformations corporelles)

Et puis tout le reste du casting qui est AU POIL. La théâtralité de certains passages me laisse sans voix, car la clé c'est de voir ça comme une pièce de théâtre de l'absurde.


SPOIL
J'allais oublier le moment le plus mémorable du film.
Lorsque Dos, shooté, se coupe le pouce en voulant montrer à la plantureuse Akooshay comment couper une canette pour fabriquer une grenade.
Scène apparemment simple visant seulement à choquer le spectateur. Pourtant, il s'agit d'une représentation symbolique de l'humanité toute entière.

L'homme, cherchant à se reproduire, veut créer une arme à l'aide de ses propres déchets. Il n'y arrive pas et automutile ce qui fait sa spécificité par rapport au singe(sans pouce, il n'y a pas de création, pas d'intelligence). Pourquoi ? Parce qu'il a tenté de se fuir lui même par la drogue, il a réussi et a coupé son humanité. TOUT EST DANS CETTE SCENE.
La force de ce film est de donner aux succès l'air d'échecs et aux échecs l'air de succès car on peut se rendre compte à la fin que malgré les apparences, il ne s'agit que d'un échec et du début de la fin de l'humanité.
Pettirosso
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le 2 déc. 2010

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