Adapter Colette, c'est une gageure... comment faire passer l'humour et la poésie, et occuper tout un long métrage avec une petite histoire qui ne sert que de prétexte au style et aux réflexions d'une autrice à l'affût des courants intimes qui agitent les gens ? Qu'à cela ne tienne, les cinéastes de l'époque s'y sont attaqués avec vaillance. Notamment Jacqueline Audry, qui a récidivé plusieurs fois, en compagnie de Danièle Delorme et d'autres comédiens qui lui étaient proches. Ici, la petite Gigi est moins agaçante qu'une Minne capricieuse, par exemple. Et les vieillards qui lui gravitent autour sont bienveillants et plutôt drôles, même si leurs intentions ne sont pas toujours honnêtes. Il règne chez les demi-mondaines intéressées et les messieurs qui les fréquentent une sorte d'affection latente qui protège du sordide. Et l'adaptation préserve un certain humour qui n'égratigne qu'en surface. Par contre, la copie a beaucoup souffert du passage du temps et il faut une cure ophtalmique intensive après le visionnage, qui se révèle extrêmement fatigant pour les yeux. Mais moins pour les oreilles que d'autres films de la même veine où tout le monde piaille à qui mieux mieux. En fin de comptes, un document d'époque plutôt attachant, à voir comme une curiosité avant de se plonger dans la nouvelle de la géniale Colette.