Quant un réalisateur ne daigne pas signer son film sous son vrai nom, ce n’est jamais bon signe. Gingerdead man premier du nom proposait un argument de poids. Celui de voir l'acteur Gary Busey se réincarner dans un pain d’épice carnassier. Mais en dépit d’un marketing tapageur et rendre dedans, le film ne reposait que sur les frêles épaules de sa créature et de son doubleur qui balançait quelques répliques salaces à peine digne d’une série de blagues caramba. Quant aux mises à morts celles-ci étaient bien peu inspirés et constitués une bien maigre pitance. Cet échec relatif aura néanmoins permis à son producteur de créer une nouvelle saga « prolifique » ou du moins une mascotte pour la firme avec le bong tueur d’Evil Bong. Cette fois c’est William Butler qui met la main à la pâte. Le scénariste autrefois acteur pour quelques films du studio (Spellcaster, Ghoulies II) n’était alors pas à son coup d’essai dans la réalisation après les thrillers horrifique carcéraux que furent Madhouse et Furnace. Il préférera néanmoins signer cette suite sous le pseudonyme de Silvia St Croix, de manière à conserver un faux anonymat comme cela se faisait souvent dans les années 80 pour éviter de se retrouvé affublé d’une réputation de souillon. Raison de plus quand le spectacle délivré verse dans le mauvais goût absolu et l'humour pipi-caca.


Si on pouvait donc reprocher à Charles Band de faire dans la retenue, William Butler préfère se complaire dans une série de gags outranciers et un humour souvent graveleux. Le réalisateur va même plus loin et profite de ce vaste délirium pour faire preuve d’un esprit satirique et vulgaire en effectuant une mise en abyme sur le fonctionnement des studios dans le monde de la série bis/z afin de parodier le fétichisme exacerbé de son producteur pour les poupées et ce dès son introduction mettant en scène une galerie de marionnettes grossières qui en sont déjà à leur neuvième itération : Chiasse au trésor, Vibro hanté, Herculator, BobMerlin, Hémoroïd et Crâne de merde. Avec des noms pareils et des looks si hétéroclites, le niveau ne sera pas évidemment pas plus élevé que celui d'un caniveau et laisse présager de la suite des évènements avec cet acteur chauve et bedonnant qui débite un monologue absurde interrompu par une éjaculation d’excrément sur le visage l’obligeant à regagner sa loge en envoyant chier toute l’équipe de production. Faute de moyens alloué à l'entreprise, le réalisateur a préféré botter en touche le scénario sans intérêt du premier qu’il avait pourtant écrit et réintroduit dans son générique avec l’aide d’un album de contes mal dégrossis et qui pourrait avoir été imaginé par un véritable attardé mental.


L’approche est néanmoins la bonne, et permet d’apporter une dimension méta bienvenue, compte tenu de l’absurdité du concept et de son antagoniste. A dire vrai, le film aurait très bien pu se tenir sans l’intervention de sa créature, puisqu’on y suit le quotidien à 100 à l’heure d’un petit producteur dont le studio «Cheatum » (une connotation assez lourde de sens issue de la contraction de Cheat et Shit en référence aux trucages et films de merde produit à la chaîne) est en cours de redressement financier, si bien qu’il se voit contraint de demander à ses techniciens de faire du bénévolat. On verra donc cette caricature de Charles Band batailler sur tous les fronts contre vents et marées. Flatter l’égo d’une ex star revenu de tout pour le convaincre de faire une brève apparition dans l’une de ses productions. Calmer les ardeurs de ses équipes avec son sourire coldgate et ses promesses qui n’engagent que ceux qui y croient, tout en essayant de faire bonne impression auprès d’un éclopé venu visiter l'univers de ses héros. Le réalisateur en profite pour dresser un portrait au vitriol de cette institution et des dérives que ce genre de système D peuvent engendrer de pire : divergences artistique, conflits internes, harcèlement sexuel, promotion canapé, histoire de cul entre collègues, galères de tournage, difficulté à trouver des financements ou à démarcher de nouveaux clients. Il s'agit d'un kaléidoscope de farces et de situations stéréotypés toujours teinté d’un humour noir politiquement incorrect, comme ce réalisateur faisant croire à une serveuse qu’elle deviendra une grande actrice après lui avoir demander de lui tailler une pipe. Le Gingerdead man va donc profiter du désordre ambiant pour revenir sur le devant de la scène et décimer toute l'équipe afin de parfaire un quotidien déjà marquée par son lot d’emmerdes.


Gingerdead man 2 fait partie de ces suites qui parviennent sans mal à supplanter leur prédécesseur en adaptant la bonne vieille recette du « bigger and louder ». Certaines situations cocasses ne dépareillerai pas dans une production Troma, comme ce maquilleur gay violé avec un fer à friser. La scène pourra éventuellement froisser la sensibilité de la communauté LGBT face à la jouissance éprouvé par la victime, mais ce serai néanmoins occulté l’humour totalement délirant et potache qui s’en dégage. Et il y a de quoi se fendre la gueule à écouter les complaintes d’un accessoiriste qui rechigne de devoir terminer sa carrière avec une main fourré dans le derrière d’une marionnette ou bien de voir ces vigoureuses fessés flanqués par des bonhommes en tenue de la Nasa sous le nez de David DeCoteau qui semble lassé de toutes ces conneries. Et pour mieux enfoncer le clou, William Butler en profite également pour régler ses comptes avec son employeur auquel il reproche indirectement de vouloir produire trop de films médiocre plutôt que de n’en produire qu’un seul qui soit bon. Tout le monde en prend pour son grade y compris les critiques qu’il fustige d’intellectualiser beaucoup trop le cinéma et de ne pas savoir apprécier les films du studio à leur juste valeurs. On ne pourra que lui donner raison face à cette démonstration tant certains avis ne font que refléter la propre frustration de leurs auteurs qui ne seraient pas capable d’en faire autant. Pourquoi s’embêter à regarder un film si vous êtes par avance convaincu de le détester ? Il est plus facile de détruire que de créer, à méditer. Maudit sois-tu Demonwarrior13 !


Le sage pointe la lune, l’idiot regarde le doigt. Alors s’il te faut un guide pour parcourir l’univers étendu de la Full Moon Features, L’Écran Barge te fera découvrir le moins pire et le meilleur de l'oncle Charles Band, le Walt Disney de la série bis !

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le 5 oct. 2024

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