Ruriko (Miki Sugimoto) est une sukeban, la cheffe d'un gang de filles, enfermée dans une maison de correction dont elle s'est échappée avant d'être rattrapée dans la séquence d'introduction du film. Au moment de son retour dans l'école, on en apprend un peu plus sur le fonctionnement de ce système pré-carcéral, la discipline, les travaux obligatoires, les punitions collectives, et l'on découvre une galerie de personnages assez intéressante : les fortes têtes très revendicatives, la mère adolescente écartée de son bébé, la jeune maîtresse d'un homme politique envoyée ici grâce à l'influence de son amant pour échapper à la prison. Et surtout, l'occasion de la visite de deux inspecteurs du ministère met en lumière une institution pourrie de l'intérieur.
Le directeur de la maison, le toujours excellent (et magouilleur) Nobuo Kaneko (Combat sans code d'honneur), a déclaré 113 filles dans son établissement pour toucher les subventions correspondantes attribuées par pensionnaire, mais n'en compte en réalité que 72. De même, il triche sur les rations prévues pour les repas quotidiens afin de détourner l'argent du ministère, avec la complicité de son adjoint (Hideo Murota, souvent vu dans les films de yakuzas).
Au cours d'une énième révolte, un groupe de cinq filles emmené par Riruko va parvenir à s'échapper. Elles se séparent pour brouiller les pistes mais finiront par se retrouver au même endroit, un restaurant de plage vacant en cette saison. Entre temps Ruriko a rencontré un amant. Mina a tué le sien. Kyoko est repassée chez sa mère pour apprendre que son bébé était mort... Le film prend alors une autre tournure. Les cinq filles expérimentent le collectivisme et l'égalitarisme. Une expérience sociale qui tourne court lorsqu'elles doivent se partager le seul homme de la maison. Mais surtout, la police retrouve la trace des fugueuses dont l'une est maintenant une criminelle. S'ensuit un affrontement avec la police lors des dix dernières minutes qui je trouve tombe un peu dans le cinéma d'action commun, ce qui est dommage car jusque-là le film véhiculait des messages plus intéressants.
C'est un pinku, donc les filles sont souvent montrées à demi-nues et le scénario inclut plusieurs scènes de sexe, souvent malsaines puisqu'on parle d'une jeune fille qui se prostitue pour survivre et de deux autres qui couchent avec un homme politique, avec à chaque fois une différence d'âge énorme entre les couples. Autre message porté par Nakajima, le client de la jeune prostituée n'est autre qu'un membre du rectorat académique (on voit sa carte de visite lorsque Kyoko vole son portefeuilles). Un film beaucoup plus sombre et revendicatif que ce que les étiquettes film d'exploitation et pinku pourraient laisser entendre.