Lorsque le gouverneur de Californie crée la fête "Girlfriend's Day", l'industrie de la carte postale est en plein émoi et use des manipulations les plus sombres pour préparer la carte ultime qui s'écoulera à des millions d'exemplaires en vue de cette fameuse journée. Récemment viré et en mal d'inspiration, Ray, l'ancien "Bill Shakespeare de la carte romantique" se retrouve ainsi au coeur de toutes les convoitises...
Dès les premières minutes nous présentant un extrait de documentaire sur le marché de la carte postale aux États-Unis narré par David Lynch, le ton absurde de "Girlfriend's Day" est lancé. Sorte de parodie de film noir misant en permanence sur le décalage de l'ampleur des situations engendrées pour une simple carte postale, cette comédie indépendante s'inscrit évidemment dans la veine de la filmographie des frères Coen et de ses nombreux ersatz.
Sa durée très courte (à peine plus d'une heure) met autant en lumière ses qualités que ses limites. Si, d'un côté, elle permet de ne pas trop s'étendre sur les passages obligés de ce type de récit (celui-ci les emprunte quasiment tous) et donne au film cette impression de filer à la vitesse de la lumière sans jamais ennuyer une seule seconde malgré une irrépressible sensation de déjà-vu, de l'autre, elle traduit un potentiel jamais réellement exploité à sa juste mesure pour produire quelque chose de marquant et original, une sorte d'ambition limitée et agaçante qui se cantonne à livrer tout ce que l'on attend sans de plus grands développements (par exemple, la plupart des très nombreux personnages pourtant tous intéressants et amusants sont constamment survolés de fait).
Il n'en reste pas moins que "Girlfriend's Day" fait le job en amusant très souvent par la qualité de ses dialogues aussi cyniques qu'absurdes et de son interprète principal, Bob Odenkirk. Également co-scénariste et producteur, l'acteur excelle dans ce rôle de loser magnifique qui n'est pas sans rappeler les débuts d'un certain avocat du petit écran. Surlignons aussi la présence lumineuse d'Amber Tamblyn dans le rôle de sa muse et dont le duo avec Odenkirk forme les plus belles étincelles du film.
Il reste dommage que, pour un long-métrage nous vendant la recherche de la création ultime en matière de carte postale, "Girlfriend's Day" ne se place pas dans la même optique en matière de comédie noire. En l'état, nous n'avons droit qu'à une carte qui sait indéniablement faire sourire à sa lecture mais que nous ne conserverons pas très longtemps dans nos archives en attendant la prochaine du même type.