- La Grande Arche sort de sa fraîche inauguration dans la périphérie parisienne du quartier de La Défense. Au même moment un jeune réalisateur fait ses premières armes et y tourne un amusant court métrage : l'azimuté Gisèle Kérozène, cartoon frapadingue au coeur duquel deux sorcières transforment ledit quartier en un immense terrain de jeux à renfort de travellings ultra-rapides, de stop-motion high-tech et de courses de balais à moteur carrément délirantes...
En un peu moins de cinq minutes le jeune publiciste Jan Kounen parvient à imposer un univers graphique totalement atypique, à mi-chemin entre la folie d'un Tex Avery et la poésie lunaire d'un Luc Moullet. Excentrique, visuellement agressif et un rien provoc' ce Gisèle Kérozène rejoint également le comique burlesque d'un Themroc, pratiquement agrémenté de borborygmes grinçants et parfaitement ad hoc ; on discerne déjà l'énergie furax qui constituera la matière première du futur Vibroboy et celle de Dobermann - le premier long métrage foutraque de Jan Kounen.
Il en résulte donc un court métrage plus que prometteur, affichant fièrement son identité et assumant son pari visuel tout du long. Un très bon coup d'essai qui - près de trente ans après sa fabrication - vieillit formidablement bien. A voir.