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J’avais toujours conservé quelques réserves des nombreux visionnages que j’avais eu pendant mon adolescence une impression de surcharge, de bourrinage frontal et assez mal à propos pour une fresque « historique » (pour faire une comparaison injuste, type Jeanne D’Arc à la Luc Besson). Il convient aussi de rendre hommage à feu Madame Roubain, ma prof de latin au collège, qui refusait de nous diffuser le méfait de sieur Scott au vu du manque de rigueur historique. Elle le méprisait du regard derrière les hublots qui lui servaient de lunettes, fulminant à l’idée de remettre le petit monsieur Scott à sa place d’amuseur grand-public… Malheureusement, si il convient de prendre l’avis de la vieille école, je ne serai pas réactionnaire en face de l’éblouissant travail qui a été accompli sur ce projet, qui correspond tout à fait au visionnage sur grand écran. Gladiator est un spectacle ample, fonctionnel, qui malgré sa propention à plier l’histoire aux thématiques qu’il veut aborder (une vision de l’ordre ici, celle de Marc Aurèle qui souhaite endiguer la décadence de Rome en plaçant à sa tête un empereur puissant et capable de repousser la corruption du sénat. Maximus semble donc désigné d’office pour remplir ce rôle délicat, malgré la lourde responsabilité qui lui incombe (la première étant de briser la longue chaîne héréditaire des empereurs). Comode, le fils tardif, toujours resté dans l’ombre de son père, apprend la nouvelle, et sentant sa destinée lui échapper, décide passer à l’offensive avant que l’affaire ne soit officialisée, en commençant par évincer le père idéaliste puis son héritier spirituel. Véritable roman sur pellicule, animé de multiples rebondissements, de portraits soignés (l’excellent dresseur de gladiateurs interprété par Oliver Reed) et de scènes grandioses (chaque affrontement dans l’arène est une tuerie), Gladiator prend son temps (deux heures et demie) pour dresser l’une des visions de Rome les plus spectaculaires de l’histoire du cinéma. Jouant avec les codes de l’époque (la popularité des jeux et leur signification politique) pour ménager un duel Esclave vs Empereur aussi surréaliste que galvanisant, on peut voir en Gladiator un pic dans la carrière de Ridley Scott, qui signe là, en plus d’un hommage respectueux aux péplums d’antan, une véritable fresque épique qui culmine dans des cimes qu’on atteint rarement (Braveheart, Apocalypto…). Excessif, le film s’autorise fréquemment des écarts assez impardonnables (le corps du gladiateur porté en triomphe alors que celui de l’empereur est laissé dans le caniveau comme un vulgaire étron) car il part dans une vision fantasmée de l’antiquité (une vision libérale en fait, très américaine dans le sens où le héros plus bas que terre parvient à briller et à rester dans les mémoires). Spectacle grandeur nature à prendre avec beaucoup de recul pour la validité historique, Gladiator reste toujours le chef d’œuvre qu’il a été, continuant à provoquer la fascination de son public. Une valeur sûre…
Voracinéphile
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le 25 janv. 2014

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