That was never a limited edition. That was an origin story, all along.

Le film est étrange. Il n’est pas bon, il n’est pas mauvais, mais il n’est pas non plus moyen. Il alterne en fait un peu entre tout ça : il y a de très bons moments, très efficaces, très intenses (l’introduction, le réveil de Glass, l’interaction entre les différents univers), des mauvais moments (l’ennui mortel à l’hôpital dans la première partie, la conclusion à rallonge), et des moments moyens (typiquement, le combat final). Le film ne décolle jamais vraiment, mais il ne se crash pas non plus, mais on se demande parfois s’il démarre tout court. Ce n’est pas une déception, parce qu’au final je pense avoir passé un bon moment et je n’avais pas d’immenses attentes non plus (juste un léger intérêt), mais c’est loin d’être une satisfaction car je sens qu’il manque un petit quelque chose.


Le film est intéressant. Là où Incassable déconstruisait le mythe des super-héros pour reconstruire sa propre mythologie sur fond d’un film à énigme dramatique, presque mélancolique, à échelle humaine ; là où Split versait dans le thriller horrifique en proposant une origin story pour son antagoniste principal ; Glass est une forme de conte fantastique. Trois films d’une même trilogie, et les trois ont une saveur différente, particulière. Le film essaye cependant d’envoyer des échos aux précédents films pour recréer, lors de certaines scènes, l’ambiance respective des deux premiers films, et ça sera sans doute là où il échouera le plus, plutôt que de rester à sa propre atmosphère, sa propre ambiance. Ça fonctionne dans l’ensemble, mais c’est comme une mayonnaise qui ne prend pas trop mais qui reste mangeable.


Le film est alambiqué. Non pas qu’il y ait un grand twist final à la fin. Il y en a un, mais il est très prévisible dans la façon dont il est amené, d’autant plus quand Shyamalan décide de


verser dans l’autodérision en démontant sa propre tendance au twist : on s’attendait à ce que le twist gravite autour de Stapple, c’est tellement évident qu’on se doute bien sûr que Glass a préparé un truc pour se jouer d’elle. Parce qu’il est le véritable « mastermind », et que le film


continue dans la lignée de déconstruire pour mieux reconstruire le mythe du super-héros. Le film est alambiqué de par sa démarche qui se rapproche d’Incassable, en étant un film à propos des comicbooks et super-héros plutôt qu’un film de super-héros, mais cherchant à perdre le spectateur qui connaît pourtant les ficelles. Je pense encore à Stapple, qui tente de bourrer le crâne, de forcer à faire entrer une idée avec tant de conviction (et pourtant sans la moindre compassion ou quelconque autre forme d’émotion), que ça fait bizarre. On sait quel est l’objectif de Shyamalan avec cette trilogie, on sait l’univers qu’il veut mettre en place… Pourquoi chercher à le déconstruire pour le reconstruire à l’identique après ? Surtout dès le deuxième film, tout en continuant l’œuvre du premier à déconstruire cette mythologie des comicooks. Et la conclusion… beaucoup trop longue entre ces rebondissements à répétition mais sans conséquences sur notre vision du film, et cette dernière scène, inutile et mal amenée.


Enfin, le film est saccadé. Si on peut discerner les différentes parties du film, celles-ci s’articulent plus ou moins bien. Le début du film commence plutôt bien et laisse présager quelque chose de bien. Cependant, dès qu’on arrive à l’asile, les scènes inutiles se succèdent et viennent parasiter celles plus intéressantes par un montage aléatoire et cacophonique. Certaines coupures n’ont aucun sens, certaines scènes n’ont juste rien à faire dans le film. Certaines sont trop courtes pour apporter vraiment quelque chose, d’autres s’attardent beaucoup trop. Bien sûr, certains éléments font sens au cours du film, notamment dans certains choix de montage et de mise en scène, mais pour la plupart, ça alourdit le film et ça dilue le propos du film. Et surtout, surtout, c’est que ce rythme saccadé finit par perdre le spectateur qui commence par se lasser et perdre l’intérêt (sans perdre le fil), et empêche justement le film de pouvoir vivre de lui-même. Ce qu’il en ressort, c’est qu’on a l’impression d’une œuvre timide faite par un jeune réalisateur, alors qu’on devrait avoir une œuvre accomplie faite par un réalisateur assuré de son œuvre. Du coup, le film est mais peine à exister.


Concernant le casting, il est globalement correct mais rien d’extraordinaire. Mis à part James McAvoy, qui nous ressort une prestation à la hauteur de ce qu’il avait pu faire dans Split. Bon après, très honnêtement, mis à part les grands classiques (Patricia, Dennis, Hedwig, Kevin et la Bête), je ne me souviens plus desquels il avait sorti précédemment, mais cette fois-ci il se régale tout autant. Et certaines scènes sont même complètement dingue puisqu’il passe d’un extrême à l’autre à plusieurs reprises (là où ces changements étaient moins fréquents dans Split), au point que ça finit même par être abusé.


Bruce Willis est fidèle au bataillon, même si ce qu’il propose est un poil en-dessous d’Incassable, et qu’on retrouve beaucoup de son jeu d’acteur de ces dernières années. Mais d’un autre côté, je trouve que ça colle bien puisque ça montre que le personnage a vieilli, évolué, ça crée toute une histoire entre les deux films. Idem pour Spencer Treat Clark (que c’est intéressant de retrouver là, car je l’avais perdu de vue depuis en fait). Anya Taylor-Joy est à mon sens sous-exploitée ici et perd aussi beaucoup de sa superbe, mais ça reste dans les clous. De même avec Charlayne Woodard, qui a enfin l’occasion de briller. D’ailleurs, le film réussit à développer ses personnages secondaires, ce qui est une amélioration, mais rien de bien extravaguant non plus. Un peu déçu de l’absence de Robin Wright, je pense que ça aurait pu être intéressant de la voir dans le projet.


Bon, et puis Samuel L. Jackson dans tout ça ? Ben étrangement, il est un peu à l’image du film, à se demander lequel des deux influences le plus l’autre. Le personnage est très différent du Elijah d’Incassable, puisque maintenant que sa folie est connue, il l’assume au grand jour. C’est vrai que le film se réveille un peu quand lui-même sort de son « coma », mais en même temps il ne brille jamais, son rôle est presque secondaire et pourtant il est le personnage principal de l’histoire, de l’intrigue, de l’ensemble. Et Jackson illustre très bien cet aspect-là : pas mauvais, pas brillant, mais pas moyen non plus. C’est assez étrange.


Oh, et j’ai failli l’oubliée ! Sarah Paulson est à l’image de son personnage : froide, sans émotion, vide, creuse, fade, transparente, inexistante. En soit, du coup, elle interprète très bien le personnage, mais ça respire tellement l’ennui, le désespoir, le vide, la mort, que c’est presque pathétique… Si c’était l’objectif, c’est réussi, mais franchement voilà quoi, c’est pas terrible.


Je n’ai pas grand-chose à dire sur l’aspect technique. Mis à part le montage, que j’ai trouvé très haché et mal rythmé par moment (ce qui m’a surpris de la part de Shyamalan, puisqu’il arrive en général à bien gérer cet aspect-là), le reste est très correct. La musique s’inscrit dans sa propre ambiance tout en allant rechercher les thèmes des précédents films. Les effets spéciaux et cascades sont plus que corrects, compte tenu du budget (surtout quand on se dit que c’est un film avec des gens aux pouvoirs extraordinaires), tout comme les décors. La mise en scène sera sans doute le meilleur aspect de l’ensemble, même si du coup un peu malmenée par le montage et très classique par moment. Mais il y aura des idées de plans (et de montage) intéressantes, tout comme certaines séquences et scènes très bien maîtrisées.


Bref, Glass n’est pas mauvais, n’est pas bon, mais n’est pas moyen non plus. Il est, tout simplement. Ce qui rend le visionnage du film un peu étrange, parce qu’on ne sait pas trop quoi en tirer. C’est sans doute le moins bon de la trilogie, mais d’un côté on sent qu’il y avait bien le matériel pour être à la hauteur. Ce n’est pas une déception, pas une satisfaction. Ni même un sentiment de gâchis. Je pense en fait surtout que le film sera oubliable. Même si du coup, il conclut bien l’arc de ses personnages bien qu’un peu trop simpliste.

Créée

le 20 janv. 2019

Critique lue 208 fois

vive_le_ciné

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