Le film de super-héros qui n'en était pas un

Bon, en ce moment, je fais plus vraiment de critiques parce que j'ai plus trop le temps, ni trop la foi (je me gave pas mal de films en ce moment). Donc la règle des critiques à chaque film, c'est fini, maintenant, je ne m'attarde que sur les films qui valent vraiment la peine qu'on s'y attarde, et c'est le cas de Glass.


Aussi bizarre que cela puisse paraître, je suis un grand fan de Shyamalan alors que jusque là, je n'avais vu que deux films de lui : Sixième Sens, un de mes films préférés, et le Village que j'ai littéralement oublié. J'avais beau entendre qu'Incassable était incroyable, je ne l'avais jamais vu pour une raison, on m'avait spoilé !


N'empêche, j'avais quand même envie de le voir ce Glass, alors du coup, gros marathon Shyamalan avec à la suite Incassable, Split et pour finir la soirée en beauté, Glass.


Je vais pas m'amuser à faire des critiques des deux précédents films, mais voilà un avis bref : Incassable est un incroyable film doté d'une mise en scène de dingue, proposant une ambiance sombre et fascinante avec des scènes de tension maîtrisées ainsi qu'un duo d'acteur juste génial. J'ai adoré Incassable, y a pas de doute. Quant à Split, je suis un peu plus réservé. Je suis fasciné par le jeu d'acteur de James McAvoy, mais la première partie du film m'a juste ennuyé au possible. Le dernier acte rattrape le tout, surtout que c'est quand même bien flippant, mais voilà, Split... j'ai juste trouvé ça sympa.


Et rien qu'en voyant Incassable et Split à la suite, c'était évident, les deux films n'ont juste rien à voir. Que ce soit dans la mise en scène, le montage, le jeu d'acteur, l'ambiance, les deux films sont des œuvres uniques. Et c'est encore le cas de Glass. Glass ne ressemble ni à Incassable, ni à Split, il n'est même pas une combinaison des deux. Glass, au même titre que les deux volets précédents à une mise en scène qui lui est propre, un montage qui lui est propre et une ambiance qui lui est propre.


De ce fait, lors de ce marathon Shyamalan, je ne me suis pas trop ennuyé car chaque film était unique en soi tout en proposant une continuité dans l'histoire.


Et Glass... bah c'est juste dingue. L'un des points forts de Glass est évidemment son casting. Avoir trois acteurs aussi talentueux dans un même film est un plaisir fou. Bruce Willis est d'un charisme dingue tout comme dans Incassable, on ressent à l'écran sa force phénoménale. A l'inverse, on ressent la fragilité de Samuel L Jackson et le personnage d'Elijah Price est clairement son meilleur rôle. Mais évidemment, celui qui surprend, c'est James McAvoy. Et son jeu d'acteur est à des années lumières de celui de Split (et déjà, il était top).


Un ami me disait entre deux films dans la salle de cinéma, que pour Split, James McAvoy jouait un personnage schizophrène qui avait vingt-trois personnalités, à savoir Kevin Crumb. McAvoy devait donc constamment changer son jeu d'acteur en fonction de la personnalité de son personnage. On avait le jeune Hedwig de neuf ans, le Dennis froid et méticuleux, la Bête juste terrifiante, le Barry efféminé, etc... Sauf que tout les scènes où il jouait « Dennis », il les tournait un jour, un autre jour, il tournait les scènes avec «Hedwig», etc...


Sauf que dans Glass, le personnage de Kevin change constamment de personnalité. Ainsi, dans un même plan, McAvoy peut incarner cinq personnages, modifier sa façon de parler, ses mimiques, sa démarche et juste... comment tu fais ? Et puis surtout, on reconnaît les personnages. On reconnaît « Edwig » a travers le timbre de voix de McAvoy, on reconnaît « Dennis » par son regard froid, on reconnaît « Barry » par son sourire. Instantanément, on sait qui McAvoy interprète, et il a pas besoin de dire « salut, c'est Edwig qui tient la lumière maintenant ». Avec Glass, McAvoy nous offre l'une des prestations les plus dingues de l'histoire du cinéma.


Les autres acteurs, à part Sarah Paulson sont très vite oubliables. Faut dire, difficile de sortir son épingle du jeu face au trio Jackson, Willis et McAvoy.


Pour en revenir à la mise en scène de Glass, elle est d'une maîtrise exemplaire. Le jeu sur les couleurs est fou, chaque plan est minutieusement composé et est beau à voir. Bref, Glass est un plaisir à regarder, mais ce n'est pas tout.


Car ici, la mise en scène sert le propos du film d'une façon remarquable. Tout le long du film, on cherche à nous faire comprendre (ou croire), que les personnages campés par le trio d'acteur ne sont pas des super-héros. Que Elijah Price n'est pas un génie du mal, que David Dunn n'a pas une force surhumaine et que la Bête qui réside en Kevin n'est pas une entité supérieure. On ne sait plus où on en est. Alors que toute la démarche d'Incassable est de nous faire croire que David Dunn est un surhomme, ici, c'est complètement l'inverse. On se remet à douter de sa puissance et ça marche. Et justement, tout passe par la mise en scène.


La scénario de Glass est grandement inspiré des comics. Le plan d'Elijah joue justement sur tout les clichés super-héroïques, le combat en public, le lien amicale entre le héros et le vilain, l'organisation secrète, le fait que ce soit le vilain qui ait crée le héros. Tout les clichés de super-héros qui, dans un véritable film du genre, rendrait le film épique. Hors ici, ce n'est pas le cas. Si le scénario fait très épique avec ce combat final de toute beauté, la mise en scène joue constamment la carte du réalisme. Pas de plan aérien ou de contre-plongée super-héroïque, bien au contraire, la mise en scène passe son temps à démystifier les personnages pour qu'on doute de leur capacité.


Mais c'est sans compter sur les retournements de situations propres à Shyamalan qui offrent un final splendide, cohérent et digne des plus grandes histoires de super-héros. Et je dis bien, « les » retournements de situations car le film en est truffé sans pour autant perdre le public. Glass conclut cette trilogie super-héroïque de façon brillante et avec panache et prouve une chose : on peut tous faire un film de super-héros.


Shyamalan s'est grandement inspiré des histoires de super-héros, des codes du genre et a crée sa propre mythologie super-héroïque. Glass n'est pas un film de super-héros comme on en voit d'habitude, c'est assez complexe à expliquer. Car sur la forme, il n'a rien d'un film de super-héros, mais dans son fond si.


Et c'est pour ça que Glass et l'ensemble de la trilogie est aussi bonne, c'est qu'on ne reverra pas de sitôt un film de super-héros autant en décalage avec ce que l'on voit chez Marvel et DC mais qui joue aussi bien avec les codes du genre. Glass est une réussite.


Shyamalan maîtrise sa mise en scène, maîtrise son propos, dirige ses acteurs à la perfection et offre une expérience cinématographique unique. C'est un film que je serai prêt à revoir tellement c'était réussi, et qui conclut merveilleusement bien l'une des meilleures saga super-héroïques de l'histoire du cinéma.

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le 22 janv. 2019

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James-Betaman

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