C'est un mot qui illustre bien ce qui se passe dans le film de Sebastien Lelio. Cette Gloria d'abord, perdue en route, abandonnée, oubliée, négligée par son entourage, un peu par ses enfants, beaucoup par les hommes. Ce n'est pourtant pas faute de se mettre en scène , en musique , en danse, ou encore dans une relation quelque peu fusionelle qu'elle voudrait avec ses enfants....
Sur les sentiers de la Gloria, donc, on rencontre peu de monde, des collègues , mais à peine, des voisins, mais pas trop. Puis un homme, dont on se dit assez vite qu'il ne la mérite pas. Mais c'est un homme, il réveille l'instinct de survie, ou simplement de séduction, et on a envie de lui dire "vas-y, fonce".
Mais en fait, non. Déjà le casting de cet homme qui a vraiment l'air très antipathique, et on ne voit pas bien si Gloria fait du déni par panique d'être seule, ou si elle est vraiment amoureuse. Premier problème.
Puis des problèmes très manifestes de rythme font que l'on est souvent pris à contrepied dans ce récit, les agissements des personnages ne sont pas toujours très cohérents, ni dans la timeline, ni dans la diégèse. Enfin, des séquences sont développées inutilement (les chansonnettes, les scènes de danse, Gloria nue sur son lit... ), alors qu'à l'inverse, d'autres sont balayées trop rapidement (notamment le semblant de discours sur la société chilienne actuelle évacué en deux trois dialogues insuffisamment explicites).
Du coup, on s'ennuie un peu, alors même qu'il y a des scènes vraiment très réussies, comme celle où lors d'une soirée de "lose", Gloria échoue sous le soleil et sur le sable du petit matin , seule et hagarde; une scène qui résume assez bien sa vie, et finalement le film .
Ce n'est pas seulement Gloria qui est perdue (même si on a l'impression qu'à la fin elle se retrouve un peu, mais sous contrainte de renoncement), c'est également Sebastien Lelio qui n'a pas su imaginer la mise en scène qui va bien pour faire de ce film pourtant très prometteur une grande oeuvre.