Langage des dignes
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Une nouvelle fois, Guédiguian nous conduit à Marseille, sa ville de prédilection, mais, avec Gloria, nous sommes loin de l’ambiance populaire et chaleureuse de Marius et Jeannette ni même de celle des Neiges du Kilimandjaro. Le Marseille que nous peint le réalisateur est celui de la misère, des tags et des immeubles délabrés. La vie de petites gens qui triment sans espoir de s’en sortir un jour.
Le film commence par l’accouchement de Mathilda (Anaïs Demoustier) qui donne naissance à une petite fille prénommée Gloria. Mathilda est mariée à Nicolas (Robinson Stévenin). Elle est la fille de Sylvie (Ariane Ascaride) et de Daniel (Gérard Meylan) mais elle a été élevée par Richard (Jean-Pierre Darroussin) qu’elle considère comme son vrai père, Daniel ayant passé une partie de sa vie en prison. Tous vivent chichement, Sylvie en faisant des ménages la nuit « car c’est mieux payé », Richard conduisant des autobus de la ville, Mathilda travaillant à l’essai dans une boutique de vêtements et Nicolas devenu chauffeur Uber après s’être endetté pour acheter une grosse berline. Les seuls à tirer leur épingle du jeu sont Bruno (Grégoire Leprince-Ringuet) et Aurore (Lola Naymark), la fille de Sylvie et de Richard et donc demi-sœur de Mathilda qu’elle hait en secret « car elle a toujours été la préférée » de ses parents. Bruno et Aurore ont créé un magasin d’achat et de revente d’objets d’occasion dans lequel ils arnaquent sans scrupule les clients. De tous, ils sont les plus antipathiques d’autant que Bruno, qui enchaîne joyeusement les rails de cocaïne, couche aussi avec sa belle-sœur à qui il fait miroiter un emploi dans le nouveau magasin qu’il va ouvrir.
Sur ces entrefaites, Daniel est libéré de prison. Prévenu de la naissance de Gloria, qui est sa petite-fille, il souhaite faire sa connaissance. Mais s’il est accueilli avec gentillesse par Sylvie et Richard, ce n’est pas le cas de Mathilda qui veut lui faire payer son absence de père.
Malgré tout les choses vont cahin-caha jusqu’à ce que Nicolas se fasse agresser par des chauffeurs de taxi excédés par la concurrence d’Uber et se retrouve dans l’incapacité de continuer à conduire. Quant à lui, Richard se fait mettre à pied pour avoir téléphoné au volant du bus qu’il conduit.
Mathilda, croyant aux promesses de son beau-frère, s’imagine directrice de son nouveau magasin mais le soir même de l’ouverture, elle apprend qu’il s’est moqué d’elle. Non content de cela, il défie Nicolas qui, hors de lui, le frappe mortellement à la tête.
Mon opinion
Je n’avais pas aimé La villa. Dans Gloria Mundi (dont le titre est emprunté à la locution latine : « Sic transit gloria mundi » = Ainsi passe la gloire du monde) on retrouve les ingrédients récurrents des réalisations de Guédiguian : un couple d’honnêtes gens qui bossent comme des damnés pour joindre les deux bouts, un jeune couple qui essaie maladroitement de s’en sortir et plonge à son tour... Mais, dans Gloria Mundi, il ajoute un élément absent de ses films précédents : le cynisme du couple formé par Bruno et Aurore qui croient qu’en ignorant les malheurs des autres ils se hisseront au-dessus du tas de fumier. Dans ce film, Guédiguian porte un regard âpre et désespéré sur une société qui a oublié ses valeurs d’humanité et part à la dérive. A la fin, les profiteurs seront punis mais la famille aura volé en morceaux. La musique a toujours été importante dans les films de Guédiguian. Dans ce film, la BO est signée du compositeur Michel Petrossian mais on y remarquera surtout quelques moments sublimes empruntés à Bach (sur la scène de la naissance), à Ravel (Pavane pour une infante défunte, Ma mère l’Oye) mais aussi à Marianne Faithfull.
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Créée
le 5 déc. 2019
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