On a tous rêvé un jour de se la jouer Michael Douglas dans "Chute libre", sortir un Uzi de notre malette et de dégommer tous ces connards qui nous pourrissent l'existence, de la pouf qui raconte sa vie au téléphone pendant la projection d'un film à ses malapris qui ne répondent jamais à nos salutations (le drame de ma vie), en passant par toutes ses pseudos célébrités au QI proche du néant et à leurs fans tout aussi décérébrés. Les personnages principaux du film Bobcat Goldthwait passent, eux, du fantasme aux actes.
Satire féroce de l'Amérique actuelle, "God bless America" est avant tout à prendre au second degré, sorte de délire régressif s'en prenant à tout ce qui bouge, en premier lieu à la télé-réalité et aux intégristes religieux, avec une mauvaise foi qui fait un bien fou. Voir une ado insupportable se prendre une bastos en pleine poire est un plaisir coupable tellement rare que l'on ne peut décemment pas bouder son plaisir.
Si "God bless America" est donc un joyeux bordel agréable à suivre, renforcé par la complicité évidente de ses deux anti-héros parfaitement incarnés par son duo vedette, il faut bien avouer qu'il ne va jamais au bout de son concept, peinant à atteindre l'heure quarante sans que l'on regarde sa montre, le final, qui promettait d'être sacrément jouissif, manquant sacrément de peps.
On pourra tiquer également sur le propos du film, finalement peu novateur et enfoncant des portes déjà grandes ouvertes, mais avant tout maladroit et étonnament conservateur, pointant du doigt (à juste titre) les tares d'une société malade mais tombant dans les mêmes travers, les personnages du film flinguant tout simplement les gens n'étant pas d'accord avec eux et tenant parfois des propos proprement stupides (Alice Cooper est décrit comme un anticonformiste de génie alors qu'il est assez conservateur; on accuse "Juno" d'être une incitation à la grossesse chez les ados, non mais franchement...).
Petite déception pour ce film précédé d'une bonne réputation, OFNI fun et sympa magnifiquement interprété mais finalement prévisible et parfois maladroit dans son propos (c'est bien la peine de dénoncer l'Amérique actuelle si c'est pour encenser une France qui n'a d'exception culturelle que son chauvinisme) voir même un brin prétentieux.