Gordon Chan faisait parti des réalisateurs assez estimés des années 90 qui ont un peu disparu des radars depuis les années 2000 (après notamment son médiocre Médaillon) tout en étant toujours en activité, s'adaptant assez mal aux contraintes du marché chinois... Avec God of war, il tente un retour fracassant pour un blockbuster au casting prometteur : Vincent Zhao (alias Chiu Man Chuk), Sammo Hung et Yasuaki Kurata.
Le résultat est à la fois décevant et enthousiasmant.
Le premier bon point, malgré un plan d'ouverture peu encourageant, est sa facture old school et classique visuellement : très peu d'effets spéciaux, une caméra posée et des décors/costumes qui sentent le vrai (sans tomber dans la reconstitution tape à l’œil et clinquante). Le scénario ne manque pas d'intérêt avec une volonté de ne pas tomber dans le simple film de guerre historique, belliqueux et patriotique, en présentant des personnages japonais assez intéressants et un personnage féminin qui sort du lot.
Toutefois, on arrive aussi aux limites de God of War avec un sentiment d'inachevé qui n'ose pas prendre de risques dans son écriture et passe parfois à côté de son sujet. Ainsi, le personnage féminin (l'épouse de Vincent Zhao, le général stratège) ne manque ni de caractère, ni de poigne mais n'est pas suffisamment développée pour qu'elle puisse exister réellement dans l'intrigure. Ca donne un sentiment très étrange où les scénaristes, comme effrayés par son potentiel, réduise sa présence au maximum et se cache derrière un peu d'humour hors sujet (les hommes de Zhao attendant son assassinat).
Sans être aussi bancal, les japonais auraient gagné à être davantage au centre du récit avec un excellent laconisme flegmatique de Kurata.
De toute façon, on constate rapidement que la structure du scénario part dans tous les sens. Ainsi Sammo Hung disparait au bout d'une trentaine de minutes sans faire de come-back alors qu'il avait toujours sa place dans la construction du récit. Beaucoup de séquences semblent ainsi n'exister que pour justifier une séquence d'action.
Le rythme y gagne un peu mais la psychologie et dimension stratégique sont du coup assez plats, surtout après le brio des 2 Red Cliff de John Woo.
Il reste donc une facture soignée, qui évite de justesse par moment l'académisme, et qui propose quelques réguliers morceaux de bravoure : le combat entre Vincent Zhao et Sammo Hung qui possède quelques passes excellentes, celui contre le paysan dans la mine, quelques scènes de bataille nerveuses et un long final en plusieurs actes assez bien troussés dont un affrontement contre Yasuaki Kurata qui ne manque pas de puissance (et l'acteur de 71 ans aurait insisté pour effectuer ses cascades lui-même !).
Les scènes d'action sont parfois un peu trop cut et trop serrées tout en étant épique.
Au final, ça reste pour moi une "agréable" surprise car, malgré son casting, je n'attendais pas grand chose d'une grosse production chinoise emballée par un cinéaste considéré comme has-been depuis pas mal d'années. Ca aurait pu être beaucoup mieux certes, mais ça aurait pu être surtout bien pire.