Alors voilà j'avais passé un bon après midi avec un ami à jouer à Street Fighter, je rentre chez moi, mange un bout et je cherche un truc à regarder pour la soirée. Je fouille dans mon ordi, sur internet, un peu partout. Je sais que je vais faire autres choses pendant le film donc il ne me faut rien de trop compliqué ni quelques choses que je regretterai d'avoir vu dans de mauvaises conditions. Au final je tombe sur ce film en me disant que ça me changerait de mes thèmes de prédilections, il y avait peut d'espoir de voir des robots géants ou des fantômes dans un film avec un titre pareil. Un petit culte satanique à la limite, mais l'affiche du film ne laissait pas trop d'espoir pour ça non plus.
Le film commence. Paf un rock chrétiens qui nous parle de la création, de l'amour cuicui les oiseaux, bon, soit. On enchaîne sur un montage des personnages principaux et là je remarque une fille qui me dit quelques chose. SABRINA L'APPRENTIE SORCIÈRE ! Génial ! A ce point du film j'espère voir surgir Salem le chat qui parle. Second choc pour moi quand les personnages se mettent enfin à parler : le doublage est fait avec le cul par des comédiens amateur du centre hospitalier de Châteauroux. Le niveau est comparable à la VF de Gabriel Knight 2 pour ceux qui connaissent. Mis à part le jeu des acteurs sous venlafaxine, ou mescaline selon qu'ils sont gentils ou méchants, on peut reprocher au film un gros manque d'inspiration question mise en scène. Ceci étant dit je vais rapidement résumer le film pour passer directement à la véritable critique.
God's not Dead 2 (je n'ai pas vu le premier) nous raconte l'histoire d'une jeune fille en deuil de son frère, Brooke, qui se confie à sa prof d'histoire croyante. Questionnée, cette dernière lui confie qu'elle tiens sa force de Jesus. Brooke, découvrant la Bible de son frère mort, se penche dans les écritures et se découvre une passion. Un peu plus tard lors d'un cours sur Gandhi et Martin Luther King, Brooke mets en relation le caractère non violent des deux personnalités avec Jesus, ce que la prof confirme par une citation de la Bible.
Manque de bol, un autre élève enregistre la scène et la direction de l'école prend les choses en main car un professeur ne doit pas s'adonner au prosélytisme au sein de l'établissement. La professeur ne voulant pas se soumettre et présenter des excuses, l'affaire enfle jusqu'au procès qu'elle finie par remporter en montrant sa vraie foi en Jesus devant les jurés. Clap de fin.
Pas vraiment clap de fin en fait, parce qu'il y a quelques histoires parallèles en plus. Celle d'une femme miraculeusement guérie d'un cancer, celle d'un étudiant asiatique ayant découvert Dieu et celle d'un pasteur qui fini juré. Mais en soit ces histoires n'apportent rien à l'histoire et aurait pu être facilement remplacées par n'importe quoi d'autre (un prospectus mormon dans votre boite à lettres par exemple).
Alors la question qui se pose est la suivante. Comment regarder ce film ? Si Trey Parker l'avait réalisé, ç'aurait été une très bonne comédie. Je pense qu'on pourrait éventuellement le voir comme un nanard grâce à sa VF mais le problème ne tiens pas dans la réalisation qui n'est pas mauvaise et manque seulement d'ambition. Mais non, il n'y a rien de drôle dans le film et la raison de son existence est à peu prés la même que pour les témoins de Jéhovah démarchant dans la rue et aux portes des maisons, ce film est avant tout un passeur d'idéologie. Et comme on a à faire à un réalisateur qui semble ignorer ce qu'est la subtilité l'idéologie ne rentre pas bien. Retenez ça les enfants, la subtilité bien dosée est le lubrifiant qui fait passer une idée, mettez en pas assez et ça rentre pas, mettez en trop et ça glisse partout, plus personne ne comprend ce qu'il se passe, c'est le bordel le plus complet.
Et là question idéologie à faire passer passer on est dans un pas loin du monster truck. Voyez plutôt la thèse principale du film : Aux Etats Unis de nos jours les chrétiens sont muselés, il est de plus en plus difficile pour eux d'exercer leur religion face à de puissants athées qui ont la mainmise sur le pouvoir et qui éprouvent une haine sans limite envers Jesus, comme au bon vieux temps des romains et des jeux du cirque. Mais heureusement les chrétiens résistent face à l'ennemis athée grâce à leur arme ultime : la foi dans Jesus. Voilà.
Comment dire, les Etats Unis sont un pays ouvertement chrétien, qui fait jurer ses présidents sur la Bible et qui crie jusque sur ses billets de banques qu'il croit en Dieu. Alors autant pour les chrétiens d'Orient en Irak etc en ont vu des pas marrantes ces derniers temps avec l'Etat Islamique et consort, autant je trouve que les chrétiens américains ont l'air au calme question harcèlement. Mais quand un des personnages du film sort que "Malheureusement de nos jours les gens semblent oublier que le droit le plus fondamental est celui de connaître Jesus", on comprends qu'il se contrarient facilement quand ont leurs dit de pas faire de prosélytisme pendant les cours. L'histoire enfilent de manière systématique les caricatures d'athées grognons et haineux comme des perles (mention spéciale à l'avocat qui monologue sur sa haine de Jesus comme étant sa motivation première) et chacun de ces salopards païens est un obstacle que franchiront les valeureux soldats du christ tout en sourire colgate extra white.
Je pense qu'il faut regarder le film comme un témoignage d'une frange flippée des chrétiens américains, je ne vois pas d'autres manière de le regarder. C'est flagrant, les gens qui ont fait le film sont en train de se chier sur les cuisses à l'idée que leur bonne vieille et grande Amérique ne soit plus à leur image. Mais si leur pays est réellement en train de changer je doute que ce film leur permette de remettre les choses dans l'ordre qu'ils entendent, au contraire. Pour filer la métaphore du lubrifiant, les gars essaient de nous faire rentrer à sec une idée grosse comme une maison, n'étant pas un habitué de la pratique j'ai pris la fuite. Faut pas déconner.
Pourtant le film aurait pu être bien avec un autre angle. Il y avait des sujets intéressants. Une jeune fille ayant perdu son frère qui fait son deuil en découvrant la religion. Le rapport parfois difficile entre croyances personnelles et devoirs professionnel. L'incompréhension de l'entourage d'une personne lorsque celle ci découvre sa spiritualité. L'accompagnement des adolescent dans leur rapport au monde et aux idées, l'éducation, la scolarité etc. Il y a beaucoup de richesses à exploiter là dedans, beaucoup de potentiel partie en cacahuète pour faire passer pour des victimes des gens en position de domination.
Je tente de rester fidèle à mon habitude de juger une oeuvre à travers son honnêteté et je doit dire que celle ci est une grosse vicelarde cachottière. Ce qu'il me reste donc à faire est de conseiller deux films qui, bien qu'ils ne traitent pas directement de religion, sont à mettre en rapport avec ce bousin et qui apportent des pistes de réflexion.
Le premier est Philadelphia de Jonathan Demme datant de 1993. Il faut pas se le cacher, God's not Dead 2 repompe mal les deux tiers du schéma narratif de Philadelphia, sauf que Philadelphia parle d'un homosexuel viré de son cabinet d'avocats après s'être fait diagnostiqué séropositif, on a à faire là à une vraie discrimination qui cours encore aujourd'hui, pas à un fantasme de WASP pété du casque. Le film garde toute sa force et sa justesse.
Le deuxième film est Detachment de Tony Kaye et qui date lui de 2012. A côté du lycée bien propre de God's not Dead 2 où le simple de fait de citer la Bible te file un procès au cul, celui de Detachment est plus proche d'un documentaire. Le film parle de l'implication de professeurs pour sauver des élèves en perdition, confrontés à toutes sortes de problèmes plus ou moins graves mais qui peuvent s'avérer dévastateurs à un âge où on se construit. Mais on ne peut pas sauver tout le monde.