Si tous ceux qui se prenaient pour une lumière la mettaient en veilleuse, ce serait une sérieuse contribution écologique…
Florence Patarets a eu beaucoup de mérite à réaliser ce film écrit par Frédéric Bonnaud, car qui se soucie encore de ce réalisateur marginal atteint très tôt de cleptomanie ?
Le plus grand souci de Godard (1930-2022) aura été le narcissisme : il aimait qu'on parlât de lui, et à jouer les intellos bien qu'il ait échoué à plusieurs reprises au Baccalauréat... A une époque il est vrai où ça ne constituait as un cadeau Bonux...
C'est un peu ce que je reproche à la réalisation de Platarets : ce documentaire est uniquement élogieux, flagorneur : uniquement à décharge et pas à charge...
Certes, il est monté en marche d'une planche snobinarde, surfant sur les films dits "Nouvelle vague" dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle est rapidement devenue étale ! Et ce n'est pas Netflix qui va la ressusciter...
Chaque fois que j'ai tenté de regarder ça, c'était la certitude d'une envie de dormir annoncée !
Je ne sais pas comment était l'homme : seules ses compagnes pourraient en parler, ayant vécu avec lui et ses phantasmes, mais le réalisateur aux goûts étranges, comme venus d'ailleurs, ne s'était pas fait que des amis et en tout cas pas l'unanimité.
Woody Allen, qui tournait avec Godard en 1987 dans "King Lear" confiait "Quand je suis arrivé sur le tournage, il portait un pyjama, un peignoir et des pantoufles, et fumait un gros cigare. J’avais le sentiment étrange que j’étais dirigé par Rufus T. Firefly197 ». (Firefly est le nom du personnage incarné par Groucho Marx dans Duck Soup")
Malgré tout le tapage publicitaire fait autour de lui, son succès auprès du public aura été très relatif... De son avalanche de création de films née après "A bout de souffle" seul son premier accouchement avait attiré 2 208 864 spectateurs... Effet de surprise fait de surprises ?...Ou effet Belmondo ?
Ainsi que deux ou trois autres dont "le Mépris" qui le mérite en effet...
La réussite commerciale (1 585 935 spectateurs) ne fut due qu'à sa provocation de la censure
(jusqu'où pouvait-on aller trop loin ?) à la présence de Brigitte Bardot, et de ce que pour la première fois, on la voyait (presque) intégralement nue... Osé, osez...
Des images audacieuses rares, superbes, et jusqu'alors interdites, sauf dans le "Paris-Hollywood" de l'époque avant que la revue "Lui", le magazine de l'homme moderne ne la supplante, sans censurer désormais les parties dites intimes... (mais de moins en moins)
Côté dialogues, on n'en retiendra que ces extraits, loin, à des lieues d'être tirés d'une œuvre de Victor Hugo : "Et mon cul, tu l'aimes bien mon cul" "Et mes seins, tu les aimes bien mes seins ? (...) Au fil de ses films, leur fréquentation déclinait (son chant du cygne : "Adieu au langage" n'aura "séduit "que 33 182 spectateurs en 2014....
Paix à ses cendres mais je n'ai jamais aimé Godard... Moi non plus...
D'ailleurs n'avait-il pas refusé la médaille de l'Ordre et du Mérite opposant : "Je n'ai aucun ordre à recevoir, et je n'ai aucun mérite"
Puisqu'il le reconnait... Dommage qu'il ait eu une aussi triste fin mais de celle-là, il ne peut plus en parler...
France 5 le 08.09.2023- France 4 le 30.09.2023-