À une certaine époque, Alex Proyas était un réalisateur ambitieux, original et dévoué à un cinéma certes spectaculaire mais surtout inspiré et plus ou moins mémorable. De l'atmosphère gothique de The Crow à l'univers futuriste de I, Robot en passant par les décors inspirés par l'expressionnisme allemand de Dark City, le metteur en scène égyptien avait un goût pour l’esthétique fou et démesuré tout en connaissant ses limites. Pour son septième long-métrage, c'est une autre histoire. Car si l'on reconnait clairement sa patte excentrique et des idées de mise en scène envolées, Gods of Egypt est un ratage intégral...
Projet dingue où vont s'affronter dieux et hommes dans l’Égypte ancienne, entremêlant mythes et action pour un spectacle généreux et colossal, le film n'a au final d'excitant que les prémisses de son scénario. Écrit et interprété avec les pieds, visuellement hideux, monté et par conséquent rythmé n'importe comment, débordant d'images de synthèse ratées : Gods of Egypt relève plus de l'incompréhension que du réel dégoût. Cette histoire d'aventure fantastique de Dieux immenses et métamorphes se battant pour gouverner l’Égypte au milieu d'humains héroïques avait tout pour plaire.
Hélas, noyé dans une mélasse numérique à s'en crever les yeux, d'une romance nunuche et de séquences pour le moins cocasses, le rendu final est accablant au possible. Entre un casting à la ramasse comprenant notamment Gerard Butler qui continue de hurler chacune de ses répliques, Geoffrey Rush dans le pire rôle de sa carrière et le beau gosse Brenton Thwaites (The Giver) aussi charismatique qu'un mulot anesthésié, des dialogues nanardesques et des scènes d'action à la limite du compréhensible, Gods of Egypt ne ressemble plus à rien si ce n'est à un jeu vidéo daté tourné et assemblé pour le reste d'ados décérébrés qui aimeraient encore aujourd'hui voir des gros monstres numériques, quelques explosions et des morceaux de bravoure éculés depuis des lustres.
Odieux mélange des Maîtres de l'Univers pour son script indigeste et des Immortels de Tarsem Singh pour ses costumes/armures tout droit sortis d'un défilé de mode bariolé, le film d'Alex Proyas n'arrive jamais à être dantesque, jamais à être fun ni à nous époustoufler visuellement ; un comble pour un auteur auparavant si investi dans la production design et la direction artistique. Au final, malgré quelques rares idées inexploitées et peut-être un ou deux plans léchés, ce nanar puissance mille a le mérite d'être rapidement oublié.