God... Y a rien à voir ici.
Petit retour en arrière : nous sommes en 1998 et Roland Emmerich, réalisateur le plus patriotique qui soit, sort sur les écrans un Godzilla qui restera dans les annales pour sa médiocrité telle que l’on se demande comment il est possible de faire pire. On se souviendra d’une production ridicule, au casting globalement correct mais au scénario indigent qui ne faisait qu’enchaîner absurdité sur absurdité. Aujourd’hui, Gareth Edwards, tout jeune réalisateur, nous offre sa version. Une version qu’on nous promettait épique et impérieuse, intelligente et d’actualité et qui se révèle être une déception à la hauteur de ses ambitions. Essayons de comprendre pourquoi.
Il à été assez difficile ces derniers mois d’échapper à la promotion du film, capitalisant à la fois sur un casting impressionnant et sur un véritable retour aux sources pour la saga qui fête justement ses soixante ans cette année. Et difficile de ne pas voir dans les images présentées une vraie volonté de proposer un produit d’époque, réellement impressionnant et riche en thèmes majeurs, notamment les technologies modernes. Pourtant, et étrangement, c’est totalement dans le sens inverse que se dirige le film qui restera constamment à la surface d’un potentiel que le réalisateur n’a apparemment, jamais su saisir. D’autant plus quand celui-ci se trouve avoir un boulet aux pieds majeur : un scénario d’une pauvreté effarante. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer, et la mise en place habile des personnages au début de l’intrigue nous présente un film léché, sachant maîtriser aussi bien le drame que le catastrophique. Bryan Cranston campe d’ailleurs un magnifique père de famille, habité et meurtri dans sa quête de vérité. Mais pour ce qui est du reste, rien ne fonctionne. Que s’est-il passé lors de la production ? Difficile à dire mais il semble que le scénariste à semble t-il manqué de matière pour finalement s’enfermer dans les poncifs et le manque d’audace. Si certains s’attendaient à une continuité dans le film de monstres géants, après un Pacific Rim monumental, ils seront bien déçus de voir celui-ci n’essayer que très peu d’innover. Et même si le précédemment cité se constituait comme un film stéréotypé, il n’était pas à prendre au premier degré mais comme un véritable rêve de gosse quand aujourd’hui, Godzilla semble se prendre pour un film tout ce qu’il y a de plus sérieux. Mais comment y croire quand celui-ci ne fait au final que se construire sur le même schéma narratif qu’un film catastrophe basique ? Entre personnages désincarnés et patriotisme peu avenant, on se demande bien où les promesses se sont envolées.
On cherchera donc à se rabattre sur Godzilla lui-même, après tout véritable attraction et justification du pourquoi le spectateur achète son billet. Malheureusement, et bien que cela reste quand même bien au dessus du précédent film (le monstre est sublime), l’on ne peut qu’être frustré quand on constatera que le "pour quoi" nous sommes venus voir le film n’a au final que 10 minutes de temps à l’écran. Un détail des plus importants que la promotion s’était bien attelé à mettre de coté quand l’on constatera que Godzilla est en fait présent pour se battre contre deux autres monstres. Repoussant en plus sans cesse la venue de sa créature, Gareth Edwards nous énerve à chaque fois qu’il coupe l’apparition du monstre. Que dire alors ? Car les idées sont pourtant présentes et que le premier tiers du film est à la hauteur de ses ambitions, mais cette incapacité à creuser ses idées ou proposer un véritable divertissement d’envergure laissera indubitablement sur sa fin. Un projet qui n’aboutit finalement jamais à rien, pour se finir de manière abrupte et inachevée et sans même avoir essayé d’amener une idée concrète sur la relation entre l’homme et la nature.