1954, le Japon ne s'est toujours pas remis de la fin de la guerre et des deux bombes atomiques d'Hiroshima et Nagasaki. Cela se ressent dans son cinéma et notamment à travers un monstre, Godzilla, qui deviendra une emblème du septième art.
Godzilla de Ishirô Honda nous plonge dans un Japon d'après-guerre où différents essais atomiques semblent avoir réveillés une bête issue tout droit du Jurassique. Le monstre se réveille et vient terroriser une population japonaise. Si Honda rate son entrée de Godzilla, il se rattrapera bien vite avec cet énorme reptile marchant sur Tokyo et détruisant la ville. La séquence des pylônes électriques est notamment parfaite.
Ce qui permet à Godzilla des années 50 de vieillir mieux par exemple qu'un King Kong des années 30, c'est parce que le monstre est un acteur. Alors bien sûr, les séquences de destruction de miniatures sont désormais parfaitement visibles, on en obtient tout de même quelque chose avec un charme certain.
Mais bien plus encore qu'un simple film de monstre, Godzilla est un véritable exutoire pour Honda et bien d'autres Japonais des conséquences de la bombe atomique. Véritable cri d'horreur face aux utilisations néfastes des avancées de la science. Cela se ressent de deux manières. D'une part on a un Japon exsangue, où Honda filme proche d'une façon documentaire ces hôpitaux remplis de blessés, ces enfants dont on mesure les radiations.
Ensuite, il y a ce personnage scientifique qui invente lui-même une arme destructrice et qui va décider de mourir avec sa création après l'avoir utilisée pour tuer Godzilla. Dénonciation véritable d'une science qui ne sert qu'à des fins néfastes.
Bref, Godzilla est tout simplement un grand film et forcément le meilleur qu'il soit sur le monstre.