Pas touche à mon ozone !

Définitivement installé comme sauveur officiel de la veuve et de l'orphelin (la preuve, le gus arrive et repart sur fond de soleil couchant tel un lonesome cowboy), Gojira affronte cette fois Hedorah, une sorte de gigantesque blob bien visqueux se nourrissant de la pollution de notre planète autrefois bleue au cours d'un épisode étrange mais fort intéressant.

Remplaçant le vétéran Honda à la mise en scène, le novice Yoshimitsu Banno envoi balader l'infantilisme navrant qui polluait la saga depuis quelques temps et revient aux fondements mêmes du mythe, retrouve le sérieux du film originel et surtout son approche contestataire, pointant du doigt les ravages de l'industrialisation et de la pollution qui en découle.

Saupoudrant son film d'intermèdes musicaux et animés, Banno livre un opus psychédélique et extrêmement sombre, prenant enfin en compte les victimes humaines et qui se rapproche définitivement plus du film d'horreur que du kaiju familial, les séquences d'attaques étant de plus filmées principalement de nuit pour cause de budget réduit, ce qui nimbe l'ensemble d'une atmosphère assez flippante.

Bien qu'extrêmement maladroit et souffrant d'effets spéciaux bancals qui devraient faire marrer les gars de chez Nanarland, "Godzilla V.S. Hedorah" est un vrai rayon de soleil dans une série en flagrante perte de vitesse (pour ne pas dire en chute libre), une agréable anomalie qui fait plaisir à voir en attendant de retomber dans le pur mercantilisme.